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2023 SUMMER

Finies, les petites escapades ?

Le néologisme « staycation » formé à partir des mots anglais « stay » et « vacation », qui signifient respectivement « séjour » et « vacances », ne s’applique pas à des durées de villégiature inférieures à un mois et d’autant moins aux petites excursions de quelques jours, tandis que « workcation », autre terme nouveau qui lui fait pendant, désigne une formule de télétravail prolongé qui a fait son apparition pendant la pandémie de Covid-19, mais ne semble pas devoir disparaître du mode de vie actuel, tout comme cette pratique des loisirs.

L’écrivaine voyageuse Won Yu-ri et son mari ont effectué il y a peu un « séjour de découverte » d’un mois dans le canton de Yeongwol situé dans la province de Gangwon. Elle évoque cette expérience dans une série d’essais intitulée Cet été, le mois de la jeunesse, qu’elle a publiée sur son compte Instagram.
© travel_bellauri

Suite à la levée des restrictions qu’avait imposées la crise sanitaire, les voyages à l’étranger sont actuellement en forte recrudescence, mais nombre de Coréens n’en continuent pas moins d’apprécier les longs séjours parce qu’ils répondent mieux à leur besoin d’évasion. Préférant prendre le temps de découvrir d’autres parties du territoire plutôt que de goûter brièvement au luxe d’un grand hôtel dans leur ville, ils partent en vacances parfois plusieurs semaines, ce qui s’avère d’autant plus possible pour les retraités et travailleurs indépendants, et peuvent ainsi connaître de nouveaux lieux sans avoir à subir les contraintes et désagréments d’un voyage à l’étranger.

Cette nouvelle tendance a donné naissance à la pratique des « workcations », que n’a fait que renforcer la pandémie de Covid-19 en créant des habitudes de travail à domicile qui ne suscitaient pas l’envie de retrouver l’univers cloisonné des bureaux paysagers. Quant aux entreprises, elles se sont montrées étonnamment favorables à ce nouveau mode de fonctionnement en escomptant un plus grand dynamisme et des gains de productivité en raison du bonheur au travail de leur personnel. Cette importante évolution s’inscrit en rupture avec le monde du travail tel que l’ont connu les générations précédentes, où le relationnel jouait un rôle primordial qu’entretenaient les dîners entre collègues souvent suivis de beuveries. Moins enclins à adhérer à cette culture d’entreprise jugée désuète, les jeunes actifs privilégient aujourd’hui la nouveauté, et c’est là qu’interviennent les workcations en offrant la possibilité de découvrir de nouveaux horizons loin du domicile qui sert de lieu de travail grâce à la maîtrise de technologies qui leur permettent de travailler de manière transparente à l’extérieur.


La recherche de havres de paix loin des villes
Jusque dans les années 2010, les agences de voyage proposaient des forfaits de voyage du type « travail et voyage » ou « vacances-travail » qu’allait détrôner la pratique des staycations née sur l’île de Jeju située au large des côtes les plus méridionales de la Corée.

Déjà très appréciée des vacanciers pour la beauté de son cadre naturel, cette province insulaire allait en outre bénéficier de la présence sur son sol de la célèbre chanteuse Lee Hyori qui, après un mariage très médiatisé, y a élu domicile et mène une vie paisible, tantôt jouant avec ses chiens, tantôt cultivant des haricots ou allant faire du pédalo sur la mer et des randonnées jusqu’aux célèbres volcans éteints de l’île, les oreums. La vue de ces paysages suscitant une grande curiosité chez les téléspectateurs, ceux d’entre eux qui disposaient d’assez de moyens et de temps libre n’allaient pas tarder à arriver sur l’île, leur nombre croissant incitant à la création de toujours plus de maisons d’hôtes.

Ce phénomène n’allait pas tarder à se reproduire dans d’autres provinces par le biais de formules diverses ayant pour nom « circuits d’un mois à Jeolla », « voyage d’un mois à Gyeongsang », « meilleure époque pour voyager à Gimhae » ou « séjours d’un mois au village de Neowa », leur itinéraire comportant la visite de lieux touristiques renommés pour leur paysage ou leur gastronomie, mais aussi pour certaines activités de découverte proposées par les exploitants agricoles.

En vue de susciter l’intérêt du public pour la région, le canton de Yeongwol propose tout au long de l’année sa formule de « séjour de découverte » à l’intention de poètes, calligraphes et écrivains voyageurs dont les récits sont par la suite publiés à titre gracieux.
© Canton de Yeongwol

Hôtel ou village ?
Désormais privilégiées dans le choix d’un lieu de villégiature par toujours plus de vacanciers, les petites villes des côtes coréennes se transforment peu à peu en stations balnéaires animées, à l’instar du village de Jemincheon qui se situe près de Gongju, une ville de la province du Chungcheong du Sud, et dont les habitants se relaient pour assurer le service hôtelier. C’est dans le magasin Gaga Sangjeom tout proche que s’effectuent les formalités à l’arrivée des clients, tandis que le Café Banjukdong 247 leur tient lieu de salon, les différentes chambres se trouvant dans des hanok, ces habitations traditionnelles coréennes qui ont été transformées à cet effet, tandis que les rives du Jemincheon, ce ruisseau qui a donné son nom au village, accueillent restaurants gastronomiques et attractions en tout genre.

Situé dans le canton de Jeongseon, qui fait partie de la province de Gangwon, le complexe hôtelier villageois dit « 18 rue de l’hôtel du village » est le plus ancien de tous ceux du même type que compte le pays. Sa création remonte à 2018, l’année de la réhabilitation de l’ancienne ville minière de Gohan, connue depuis lors sous le nom de « 18 rue de l’hôtel du village ». La salle communale sert de hall à l’hôtel qui jouxte des restaurants, un studio photo et un salon de coiffure que peuvent fréquenter à moindres frais les vacanciers séjournant dans l’une des maisons rénovées et inoccupées du village grâce aux bons de réduction qui leur sont remis. Ce lieu fournit une bonne illustration des initiatives qui visent aujourd’hui à recréer une activité dans les villages ruraux et de pêcheurs coréens que l’exode rural a peu à peu vidés de leur population d’origine.

Un nombre croissant de collectivités locales s’investissent dans les formules de vacances dites « staycations » au vu du nombre croissant de personnes qu’attire la pratique des « workcations », et ce, d’autant que les maisons vides situées dans des endroits agréables offrent d’intéressantes possibilités, en particulier depuis l’assouplissement des restrictions de déplacement imposées par la Covid-19.
© gettyimagesKOREA

Selon les données chiffrées rendues publiques par l’institut Statistics Korea, le nombre de logements inoccupés que comptait le pays en 2021 s’élevait à 1 395 256, logements en vente compris, et c’est cet état de choses qui a incité les pouvoirs publics à autoriser l’exploitation d’établissements hôteliers dans les habitations vides des zones rurales et côtières. Leurs propriétaires allaient dès lors pouvoir tirer profit des biens immobiliers inhabités qu’ils conservaient dans leur ville natale et que les promoteurs immobiliers allaient s’empresser de rénover en vue de leur reconversion.

 

Travail et loisirs
L’avènement de l’ère du numérique et l’évolution des valeurs chez les jeunes générations constituent les deux principaux facteurs de succès des workcations, matériel et logiciel informatiques permettant de réaliser des tâches en tout lieu et à tout moment en accédant à l’Internet, ce qui s’avère plus vrai encore dans un pays qui compte parmi les plus connectés au monde. En outre, les jeunes adultes d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années étant particulièrement attachés à l’équilibre entre leurs vies privée et professionnelle, la possibilité de travailler à distance dans la journée et de se détendre le soir dans un cadre nouveau et reposant ne peut que satisfaire ce à quoi ils aspirent.

Du fait de la pandémie, le nombre de Coréens pratiquant le télétravail s’est accru de manière exponentielle et pour nombre d’entre eux, mais aussi pour leurs entreprises, un retour en arrière est inenvisageable. Qu’elles soient réalisées pendant tout ou partie du temps de travail, les activités professionnelles à domicile sont en passe de devenir la norme régissant une nouvelle organisation dont les workcations constituent le prolongement et qui permet aux télétravailleurs de se ressourcer dans des lieux nouveaux et de gagner en productivité. Poussé jusqu’à l’extrême, ce mode de travail entraîne ceux que l’on nomme les nomades numériques à renoncer à la sédentarité et à séjourner plusieurs mois dans des lieux defférents d’une destination de voyage attrayante à une autre.

Recueil d’histoires quotidiennes de Lee Sulla - Canton de Yeongwol, publié en collaboration avec les autorités cantonales. L’écrivaine Lee Sulla partage chaque jour des histoires avec les lecteurs sur le site Dailee-sulla qu’elle met régulièrement à jour. Lors de son séjour dans le canton, elle a rédigé de petits textes illustrés de photos au sujet de séances de méditation, du yoga, de fleurs et plantes sauvages et de recettes végétaliennes.
© Canton de Yeongwol



« C’est vraiment passionnant de découvrir chaque jour un lieu tout à fait nouveau, loin de chez soi », déclarait l’année dernière le poète et écrivain voyageur Choi Gap-soo après avoir passé un mois à Gangneung, une ville de la province de Gangwon.

« Tous les matins, en me levant, j’avais l’impression de m’être régénéré. Ma vie était transformée par rapport à celle, routinière, que je menais jusque-là. Toute cette nouveauté m’inspirait. Je pouvais enfin me reposer en chassant de mon corps stress et tensions. J’ai ainsi été en mesure de mieux profiter de la vie et j’ai pris la décision de m’accorder chaque année ce mois de renouveau ».

Dans sa dernière édition, la revue annuelle Trend Korea, qui s’intéresse aux dernières tendances du mode de vie et de l’opinion, révèle que les personnes de tous horizons sociaux voient dans les zones rurales les endroits les mieux adaptés aux activités professionnelles dans la mesure où elles offrent calme et proximité avec la nature. Si l’adoption unanime des staycations et workcations n’est pas susceptible de se produire dans l’immédiat, les professionnels des voyages s’accordent à penser que la progression constante du nombre de Coréens en quête de découverte et de simplicité contribuera à l’essor de ces formes de vacances et de leurs dérivés, qui ont donc encore de beaux jours devant eux.

 



Choi Byung-il Écrivain

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