메인메뉴 바로가기본문으로 바로가기

2023 SUMMER

Les symboles de bon augure de l’architecture palatiale

Les palais royaux coréens se distinguent par une gracieuse esthétique agrémentée de sculptures et délicats décors, ainsi que par leurs nombreuses constructions symbolisant les principes fondamentaux de la politique confucéenne, le pouvoir royal et la continuité dynastique.

Sur les versants du toit du palais, se dressent des figurines humaines ou animales qui étaient destinées à éloigner les esprits maléfiques et participaient ainsi de l’atmosphère de quiétude de ce lieu.
© Huh Yu-jeong, Unsplash


L’architecture palatiale de l’époque de Joseon (1392-1897) abonde en sculptures et décors sculptés d’animaux considérés comme porteurs de présages de paix, de sécurité et de sagesse pour la nation, ainsi que de santé et de longévité pour la famille royale. Inspiré des contes populaires, ce bestiaire de bon augure réalisé dans des matériaux tels que la pierre, la terre ou le métal témoigne d’une remarquable créativité. Les ornements en pierre de ce type qui se comptent par centaines au palais de Gyeongbok, la plus importante résidence royale de cette période, fournissent une excellente illustration du symbolisme de cette imagerie.

Ses ornements étant réservés à ce lieu et à son vaste domaine, car représentant l’autorité et l’administration royales, garantes de paix pour le royaume, il était interdit à ses sujets d’en posséder des reproductions. Loin de paraître austère ou menaçante, cette imagerie produit au contraire une impression de sérénité agrémentée d’une touche de fantaisie.



Une garde royale

Au palais de Gyeongbok, l’escalier de la porte de Geunjeongmun comporte dans sa partie centrale une rampe d’accès destinée à permettre le passage du palanquin royal, gravée d’un phénix et bordée de statues en pierre de haechi, cette créature mythologique qui garde les lieux.
© Office national du patrimoine culturel

Face à la grande porte de Gwanghwamun qui dresse son imposante silhouette à l’entrée du palais de Gyeongbok, se trouvent deux statues en pierre de haechi, ces créatures mythologiques qui jugeaient les hommes pour séparer les bons des méchants. Curieusement, elles ne semblent pas pour autant menaçantes, mais plutôt aimables malgré leur gros corps couvert d’écailles, leur nez bulbeux, leurs yeux perçants, leurs poils bouclés tombant jusque sous leurs oreilles, leur gueule montrant les crocs, leurs pattes toutes griffes dehors, la corne de bélier qui se dresse fièrement sur leur tête et la cloche accrochée à leur cou.

Leur installation daterait de la reconstruction du palais, qui se déroula de 1865 à 1867, et son emplacement aux portes principales fut choisi pour représenter l’autorité du roi et l’inspiration confucéenne de sa politique, le haechi étant considéré comme un symbole de droiture et de justice à l’égal de la balance pour la justice occidentale.

Au-delà de la porte de Gwanghwamun, coule le Geumcheon, un paisible ruisseau, entre les portes de Heungnyemun et Geunjeongmun s’ouvrant sur la grande cour du palais. Le pont de Yeongjegyo qui permet de franchir ce cours d’eau est orné de sculptures de dragons lovés autour de ses balustrades. Ces symboles du pouvoir et de la protection du roi ont été placés de manière à donner l’impression qu’ils surveillent attentivement ceux qui empruntent cet ouvrage. Les griffes de leurs pattes avant enserrent une perle à laquelle on prête le pouvoir d’exaucer les vœux, tandis que des cornes saillantes et une longue barbe renforcent leur aspect vigilant.

Sur les parapets en pierre du ruisseau, se trouvent quatre sculptures d’animaux porte-bonheur qui semblent s’y accrocher, tête en avant, et s’apprêter à plonger dans l’eau. Ils présentent un aspect impressionnant, avec leurs cornes subdivisées en trois, leurs sourcils broussailleux, leur énorme nez, leur corps recouvert d’écailles et leurs pattes pourvues de trois doigts. À la fin de la période de Joseon, ces animaux étaient considérés comme des tianlu, des créatures mythologiques chinoises dont on pensait qu’elles éloignaient les esprits maléfiques et préservaient le palais des malheurs, tout en apportant soutien et apaisement aux fonctionnaires royaux qui allaient entrer dans le palais.

Passé le pont de Yeongjegyo, on parvient à la porte de Geunjeongmun, puis au pavillon de Geunjeongjeon abritant la grande salle du trône où avaient lieu les cérémonies du couronnement, où les monarques tenaient leurs audiences et où ils promulguaient les grandes lois du pays. Du fait de cette importante vocation, il était naturel que des sculptures d’animaux porte-bonheur s’y trouvent en grand nombre, comme ce phénix à la perle porte-bonheur représenté sur le trajet du palanquin royal et, de même que le dragon, symbolisant la puissance du monarque.

Sculpture d’animal placée sur le parapet en pierre du belvédère dit Woldae, surmontant le pavillon de Geunjeongjeon, au palais de Gyeongbok. Chacun des piliers de ce belvédère s’orne aussi de telles figures représentant les quatre points cardinaux, les quatre saisons et les douze mois de l’année.
© Office national du patrimoine culturel



Les balustrades en pierre du belvédère surmontant le pavillon s’ornent aussi de différents animaux sculptés qui, à sa partie supérieure, symbolisent les points cardinaux et les quatre saisons, tandis que ceux de son niveau inférieur représentent une partie des douze mois de l’année, certains ayant dû être omis pour des raisons de place. Aux deux coins avant de cette construction, se trouvent d’autres sculptures d’animaux imaginaires évocateurs de lions et lionceaux qui symbolisent la sagesse et le discernement du roi. Enfin, le belvédère est surmonté à son sommet d’un grand chaudron en bronze à trois pieds et deux poignées qui constitue l’emblème de la légitimité de la fonction royale depuis l’Antiquité.

Un royaume paisible

Le palais s’ornait dans sa partie centrale d’une multitude de sculptures représentant autant d’animaux différents et symbolisant l’harmonie dans laquelle vivaient et s’épanouissaient les sujets du roi, dans le respect des lois et sous l’autorité bienveillante du monarque régnant. Considérés comme des divinités animales, on leur prêtait le pouvoir de veiller sur la famille royale tout en incarnant la paix du royaume. Il en existe d’autres exemples dans la salle des banquets, dite de Gyeonghoeru, qu’abrite une construction édifiée sur un îlot situé au milieu d’un vaste plan d’eau. Les trois ponts de pierre qui la reliaient au parc du palais s’ornent des sculptures de dragons et girafes symbolisant la royauté, ainsi que d’un serpent géant et d’une créature divine imaginaire respectivement appelés Imugi et Chu-u qui faisaient référence au prince héritier, plusieurs éléphants et haechi s’ajoutant à l’ensemble comme autant de messagers bienveillants.

En vidant le plan d’eau de Gyeonghoeru afin de le curer, en 1997, on vit apparaître un grand dragon en bronze d’environ 1,5 mètre de hauteur et d’un poids de 66,5 kilogrammes dont une croyance de l’époque voulait que sa présence préserve le palais des flammes, car on prêtait à cette créature le pouvoir d’invoquer la pluie et de maîtriser l’eau. Cette pièce est aujourd’hui exposée au Musée des palais coréens.
Outre les sculptures évoquées ci-dessus, le palais de Gyeongbok comportait, de part et d’autre du belvédère de Geunjeongjeon, deux énormes marmites en fonte, ou deumu, qui reposaient sur des socles de pierre et contenaient en permanence de l’eau pour permettre d’éteindre les incendies dès qu’ils éclataient. À la saison froide, on tenait allumé entre eux un feu destiné à empêcher l’eau de geler. Non sans un certain humour, ces éléments semblaient ainsi exprimer le souhait que le démon du feu, effrayé par son reflet dans l’eau, prenne aussitôt la fuite.

Le symbolisme de ces sculptures s’ajoutait à celui, d’une dimension plus profonde, qui se retrouvait dans toute l’architecture du palais, notamment par les grandes tuiles ornementales particulièrement remarquables qui se dressent à l’oblique aux deux extrémités du faîte du pavillon de Geunjeongjeon. À l’origine, elles présentaient la forme d’une queue et d’une tête d’oiseau auxquelles allaient être substitués par la suite des corps de dragon. Dans l’un et l’autre cas, il s’agissait d’affirmer l’autorité royale tout en se conformant à une croyance chamanique selon laquelle de telles tuiles garantissaient le palais des incendies.

Le toit s’ornait aussi, sur ses versants, des figures destinées à eloigner les esprits maléfiques et les monstres, leur présence à cet endroit obéissant ainsi à la volonté d’en éloigner le malheur.
En raison de leur valeur emblématique de l’autorité royale, leur usage était réservé à l’ornementation des toitures de palais et d’autres bâtiments de l’État, le nombre de ces sculptures variant en fonction de l’importance de ces derniers. Outre les sept spécimens qui subsistent aujourd’hui sur les parties haute et basse du toit du pavillon de Geunjeongjeon, il en exista jadis un plus grand nombre, comme l’ont révélé des recherches.

Des symboles de longévité

Dans le jardin situé à l’arrière du pavillon de Gyotaejeon, où résidait la reine au palais de Gyeongbok, s’élèvent des cheminées gravées des dix symboles de longévité et des quatre plantes, dites « des messieurs », symbolisant la noblesse d’âme.
© gettyimagesKOREA

À l’arrière des appartements du roi dits Gangnyeongjeon, se trouvaient ceux de la reine, ou Gyotaejeon, et au-delà, les jardins d’Amisan et leur originale terrasse en pierre à quatre niveaux sur laquelle prennent place une citerne, des rochers aux formes étranges et diverses plantes.

Au niveau du troisième étage des appartements royaux, les cheminées de brique de forme hexagonale qui s’élèvent du four de Gyotaejeon s’agrémentent de motifs décoratifs symbolisant un vœu de santé et de longévité à l’intention de la famille royale.

Les éléments principaux en sont le soleil, les montagnes, les nuages, les rochers, le bambou, le pin, l’élixir de jouvence, les chrysanthèmes, le lotus et les raisins qui représentent tous l’espoir d’une longue vie, quoique les deux derniers constituent à proprement parler des symboles de prospérité. Cet ensemble comporte en son centre les quatre plantes dites « des messieurs », à savoir la fleur de prunier, l’orchidée, le chrysanthème et le bambou, tandis que des décors sculptés de chevreuils, chauves-souris, chameaux et phénix encadrent le haut et le bas de cette décoration. Quant aux cheminées qui se dressent sur le toit de tuiles, elles se subdivisent en quatre conduits pour évacuer la fumée et épousent ainsi une forme d’un aspect agréable.

Plus à l’est, s’élève le pavillon de Jagyeongjeon qui abritait les appartements de la reine douairière et était ceint d’un mur fleuri symbolisant le souhait d’une longue vie. Sa cheminée parallélépipédique, qui s’incorpore au mur et fait légèrement saillie par rapport à celui-ci, est gravée des dix symboles de la longévité, dont la grue, le cerf et la tortue, au-dessus et au-dessous desquels sont représentés différents animaux destinés à éloigner le malheur et apporter les bonnes fortunes, notamment des chauves-souris symbolisant richesse et honneur.



Lee Kang-minProfesseur au Département d’architecture de l’Université nationale des arts de Corée

전체메뉴

전체메뉴 닫기