메인메뉴 바로가기본문으로 바로가기

2022 AUTUMN

Une alliance d’art et de haute technologie

Les musées et galeries d’art se transforment aujourd’hui en espaces tridimensionnels immersifs faisant appel aux technologies de pointe et prenant place dans des lieux désaffectés de la ville où ils se substituent aux habituels « cubes blancs » qui les abritaient jusqu’ici.

Exposée à l’ARTE MUSEUM de Yeosu aux côtés de onze autres réalisations portant, comme elle, sur le thème de l’océan qui a façonné l’identité de cette ville côtière, l’œuvre d’art médiatique Wave recourt à des techniques anamorphiques pour créer une illusion d’optique en trois dimensions.
© d’strict



À la fin de 2014, une exposition intitulée Van Gogh: A Record of 10 years allait révolutionner le monde de la culture en présentant en trois dimensions les tableaux sur lesquels elle portait et qui n’étaient jusque-là visibles que dans leurs deux dimensions. Sur ses toiles d’un nouveau genre, les personnages prenaient vie, le vent agitait les cyprès et la maison de l’artiste semblait si réelle que le public enthousiaste aurait cru pouvoir la toucher. Cette manifestation se déroulait au Mémorial de la guerre de Corée situé à Séoul, dans l’arrondissement de Yongsan, et son succès exceptionnel allait entraîner sa prolongation d’un mois.

L’immersion dans les œuvres à laquelle étaient invités les visiteurs y était rendue possible par des technologies évoluées telles que le graphisme d’animation, qui repose sur la projection cartographique d’images de synthèse sur des surfaces planes pouvant se composer d’un mur ou d’un simple objet. Cette technique convient également à des concerts ou comédies musicales et, en 2018, elle avait déjà fait ses preuves lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang suivie dans le monde entier.


Une nouvelle manière de découvrir l’art
L’art médiatique immersif, qui consiste à projeter des images sur les murs, piliers et sols de lieux d’exposition à l’aide de plusieurs appareils, résulte de l’évolution des techniques du numérique. Il y a encore peu, le visiteur devait reculer de quelques pas pour pouvoir disposer d’une vue complète des œuvres exposées, mais les techniques immersives lui donnent désormais l’illusion d’y entrer complètement grâce à leur conversion en espaces en trois dimensions où l’on peut même se déplacer.

Ce nouveau mode de visite répond bien au besoin de participation d’un public jeune qui ne se contente plus de contempler passivement les œuvres et, si le succès qu’il remporte modifie la façon d’apprécier l’art, il fait en même temps évoluer les lieux qui le présentent. Non seulement les galeries d’art consacrent toujours plus d’expositions temporaires aux œuvres d’art médiatique immersif, mais elles leur réservent aussi des espaces spécifiques.

En devenant plus accessibles par ce biais, elles captent une part croissante du grand public, ce qu’a été le premier à faire le Bunker des lumières inauguré le 18 novembre 2018 sur l’île de Jeju. Il se situe à l’ancien emplacement d’un centre de gestion du réseau de transmission sur câbles à fibres optiques sous-marins de l’opérateur de télécommunications Korea Telecom. C’est l’entreprise TMONET, un fournisseur de solutions de paiement en ligne, qui allait reconvertir ces locaux en y aménageant une salle d’exposition mettant en œuvre un procédé dit AMIEX, c’est-à-dire Art & Music Immersive Experience.

Dans le but de créer un environnement immersif, cette technique permet la combinaison simultanée du son et de l’image par la projection cartographique sur les murs, plafonds et sols au moyen de plus de cent vidéoprojecteurs, d’une part, et par la diffusion de compositions musicales grandioses par des dizaines de haut-parleurs, d’autre part. Ce Bunker des lumières tient son nom du fait que, se situant au sous-sol, il est totalement insonorisé et empêche le passage de la lumière du jour. Le public a pu y admirer des œuvres de Gustav Klimt lors de son exposition inaugurale.

En mai dernier, TMONET allait aussi se voir confier la rénovation du grand théâtre souterrain de l’hôtel Grand Walkerhill de Séoul en vue d’y aménager un espace d’exposition d’art immersif appelé Théâtre des lumières. La conception de ce nouveau local bénéficiant d’une hauteur sous plafond supérieure à vingt mètres mettra très logiquement en valeur la verticalité, par opposition à l’horizontalité du Bunker des lumières et à sa superficie de 3 000 mètres carrés.

De juin 2021 à février 2022, l’espace d’exposition GROUNDSEESAW Myeongdong, qui se consacre aux arts médiatiques, permettait de découvrir cette œuvre intitulée Blue Room qu’a réalisée le studio d’art médiatique HABITANT dans des dominantes d’un bleu étrange et d’un rouge vigoureux qui produisent une impression visuelle inoubliable.
© MEDIA&ART

Accessible sur le site de Jeju ou de Yeosu de l’ARTE MUSEUM et particulièrement appréciée des visiteurs, l’œuvre Wormhole invite à un voyage immersif dans l’espace.
© d’strict

Un haut lieu de la vie culturelle régionale
La création à succès du Bunker des lumières de Jeju allait être suivie de celle d’autres espaces d’art immersif permanents sur cette même île, notamment l’ARTE MUSEUM réalisé en septembre 2020 dans un style légèrement différent par le cabinet de design numérique d’strict. Ce nouveau lieu prend place dans une ancienne usine de haut-parleurs d’une surface au sol d’environ 4 600 mètres carrés et d’une hauteur sous plafond maximale de dix mètres, ce qui fait de lui le plus vaste en son genre du pays. Il propose dans ces locaux pas moins de onze expositions d’art médiatique permanentes portant sur le thème de l’île.

En août de l’année suivante, le cabinet d’strict allait ouvrir un deuxième espace d’exposition permanente consacré, cette fois, au thème de l’océan dans le cadre de l’Exposition universelle de Yeosu, cette ville de la province du Jeolla du Sud. À peine quatre mois plus tard, un troisième espace allait voir le jour sur les rives du lac de Gyeongpo qui s’étend dans la province de Gangwon, près de la ville de Gangneung. L’exposition permanente que propose ce dernier s’intéresse à la topographie de cette région qui abrite la chaîne du mont Baekdu, épine dorsale du pays. Comme l’ARTE MUSEUM, ce nouveau lieu met ainsi la nature à l’honneur afin de la faire mieux connaître au grand public, tandis que le Bunker des lumières propose à ses visiteurs une plongée dans l’univers de l’art et des artistes au moyen de techniques immersives.

Dans ses expositions, l’ARTE MUSEUM fait en outre appel à l’emploi de capteurs intelligents qui permettent de suivre les mouvements des visiteurs et de déclencher la réaction correspondante dans l’œuvre exposée. En association avec l’image, cette détection et la commande des paramètres du vent, des parfums et de l’éclairage qui en découle assurent une reproduction de la réalité d’une grande fidélité et une optimisation de l’effet de synesthésie, faisant ainsi de la visite une étonnante découverte où réel et virtuel se confondent pour le plus grand plaisir du public.

Dans cette exposition d’art médiatique cinétique associant ses œuvres emblématiques Breezing Ember et Mysterious Fire, le studio d’art médiatique interactif SILO Lab fait scintiller des lanternes au rythme de la musique, tandis que des ampoules à incandescence encastrées dans les murs s’allument ou s’éteignent en fonction des moindres déplacements des visiteurs. Créée en 2019, à l’occasion de l’exposition Asean Light organisée par l’Asia Culture Center, elle allait devenir itinérante et parcourir tout le pays.
© SILO Lab

Un gigantesque mur de 8,5m de hauteur présente les vidéos et les trophées gagnés par les artistes de HYBE, un créateur de plateformes de divertissement et de style de vie, qui gère le complexe polyvalent HYBE INSIGHT dans le quartier séoulien de Yongsan.

Des expansions de musées dans la capitale
C’est en décembre 2009 que le cabinet d’strict fait pour la première fois parler de lui en mettant en œuvre un projet de projection cartographique sur les murs extérieurs du Centre culturel de l’Université nationale de Séoul avec le concours du Département des technologies de l’information et de la culture de cet établissement. Il s’agissait du premier exemple coréen de partenariat entre une entreprise et une université recourant à certaines technologies. Celles-ci permettaient, au moyen de projecteurs à faisceau lumineux, de présenter des vidéos des murs extérieurs scannés en 3D pour exprimer l’idée que les villes sont menacées de submersion par la montée des eaux provoquée par le dérèglement climatique, un message que le public a tout à fait perçu par ce biais.

Plus encore qu’avec ce projet, le cabinet d’strict s’est fait un nom en 2020 en projetant une énorme vague virtuelle sur l’un des murs du centre de congrès SMTOWN Coexartium situé à Séoul, dans le quartier de Samseong-dong. Cette façade médiatique appelée Public Media Art WAVE, par la forte impression que créaient ses effets visuels sur les passants, constitue un cas d’expansion très réussie d’un musée d’art dans la rue. Riche de cette expérience, le cabinet d’strict allait créer en son sein un groupe d’art médiatique, dit « a’strict », dont la première exposition intitulée Starry Beach allait ouvrir ses portes en août 2020 à Séoul, entre les murs de la galerie Kukje située dans le quartier de Sogyeok-dong. C’est par cette installation multimédia de grande envergure que les concepteurs d’a’strict allaient démontrer leur potentiel.

Autre acteur du secteur, le cabinet MEDIA & ART, outre qu’il s’était vu confier la réalisation de l’exposition Van Gogh: A Record of 10 Years déjà évoquée et qu’il avait créé un ensemble d’espaces culturels polyvalents regroupés sous le nom de GROUNDSEESAW, allait transformer sa propre succursale de Myeong-dong en un espace d’art médiatique dès le mois d’avril 2021.

Enfin, on ne saurait omettre d’évoquer la galerie MUSEUM1, que dirige, depuis mars dernier, le cabinet de contenus artistiques KUNST1 à Busan, dans le nouveau quartier de Centum City. Cet espace résulte en réalité de la reconversion, sous un nom différent, d’un musée d’art contemporain spécialisé dans les médias qu’avait fondé le cabinet MEDIA & ART en 2019. Occupant une superficie d’environ 2 300 mètres carrés répartie sur deux niveaux, ses locaux ont été pourvus d’environ 80 millions de DEL (LED) disséminées sur son sol, son plafond et ses murs pour entraîner les visiteurs dans un univers plus vrai que nature.

Au nombre des lieux à succès actuellement consacrés à la photo, figure l’exposition d’art médiatique Moon de l’ARTE MUSEUM de Jeju et de Yeosu, dont l’une des œuvres à illusion d’optique consiste en une image de lapin de quatre mètres de hauteur renvoyée à l’infini par un jeu de miroirs.
© d’strict



Heo Dae-chanRédacteur en chef de Media Art & Culture Channel Alice On

전체메뉴

전체메뉴 닫기