한국국제교류재단

Composante principale de la culture populaire coréenne actuelle dite hallyu, ou vague coréenne, la K-pop est aujourd’hui en pleine évolution et entre dans une quatrième génération qu’incarnent de nouvelles formations musicales dont les particularités méritent d’être découvertes.

À toute époque et dans tous les domaines, la théorie des générations a suscité un grand intérêt et il suffit qu’apparaisse quoi que ce soit de nouveau pour que soit évoquée cette notion qui séduit invariablement le public.

Ces constatations s’appliquent également aux évolutions de la K-pop, dont on ignore si elles représentent un passage à une autre génération faute de critères qui permettraient de l’affirmer. En revanche, lorsque font irruption en grand nombre des groupes qui se distinguent de leurs prédécesseurs par des différences très marquées, il est légitime de considérer qu’ils constituent une nouvelle génération. Jusqu’ici, la composition d’une formation musicale, le marché qu’elle ciblait et le message que véhiculaient les paroles de ses chansons suffisaient à la situer dans telle génération ou telle autre.

Des origines à la génération actuelle
C’est en 1996 que s’est créé le premier groupe de K-pop, le bien nommé H.O.T., auquel allait s’ajouter un an plus tard un autre composé de six membres qui semblait lui faire concurrence et s’appelait Sechs Kies. Par voie de conséquence, la rivalité entre groupes allait également concerner des formations musicales féminines, en l’occurrence SES et Fin.KL, qui ont respectivement fait leurs débuts en 1997 et 1998.

Lors d’une seconde étape, allaient apparaître des groupes tels que Shinwha et Jewelry, ainsi que la soliste BoA, qui, s’ils n’étaient pas perçus comme une génération nouvelle à part entière, n’en constituaient pas moins celle dite 1,5. Leur création est intervenue dans le contexte de l’avènement de la vague coréenne dite hallyu et de la diffusion de ses dramas dans toute l’Asie, la presse japonaise créant à ce propos le terme de « K-pop » et, au sujet des formations elles-mêmes, celui des « groupes d’idoles » qui allaient connaître un succès croissant au Japon, mais aussi en Chine.

En démontrant qu’ils avaient plusieurs cordes à leur arc, les groupes de la seconde génération qui leur ont succédé ont su cultiver l’image d’artistes plus ouverts et abordables, tels Big Bang, SUPER JUNIOR, Girls’ Generation et Wonder Girls qui en sont les plus emblématiques. Créés à la fin de la première moitié des années 2000, ils se sont produits dans d’innombrables émissions de variétés coréennes avant de partir en tournée internationale à de nombreuses reprises et d’attirer toujours plus de fans sur le territoire national comme à l’étranger.

La troisième génération de groupes allait se montrer plus audacieuse en étendant sa présence à des médias plus divers pour favoriser son accès aux marchés coréen et étrangers. Ses artistes avaient bénéficié de solides formations, maîtrisaient à la perfection la chorégraphie de la K-pop et composaient des textes de chansons d’une meilleure qualité. Créés dans les années 2010, ces groupes se nommaient EXO, WINNER, Red Velvet ou MAMAMOO, et bien entendu BTS, qui allait connaître une réussite prodigieuse.

Ces trois dernières années ont vu naître une quatrième génération se caractérisant par un recours aux supports numériques, en plus des moyens habituels de se produire, qu’autorise le réseau mondial de communication Internet, ainsi que par l’affirmation d’une identité et d’un concept créatif forts. Elle a pour représentants des groupes comme ITZY, interprète du célèbre titre Dalla Dalla, « je suis différent » en coréen, ou TOMORROW × TOGETHER, qui a chanté la croissance tourmentée de l’adolescence en la comparant aux cornes qui poussent sur la tête d’un animal, ou encore NewJeans, qui s’adresse à un public assez inhabituel en suscitant la nostalgie chez ses aînés les milléniaux.

 

Les ingrédients du succès
La génération actuelle de groupes de K-pop se caractérise principalement par une réussite à l’international qui aurait eu de quoi surprendre avant l’arrivée de BTS, sachant que, pour des artistes coréens, il n’était guère aisé d’imposer rapidement leur présence sur les marchés étrangers, la chanteuse BoA ayant fait exception à la règle en remportant un succès immédiat au Japon grâce à la version japonaise de la chanson ID; Peace B. Hormis dans ce pays, ces formations musicales allaient avoir énormément de mal à percer sur les marchés étrangers et à s’y maintenir durablement, nonobstant le succès planétaire du titre Gangnam Style de Psy et de son clip vidéo entraînant qui allait être vu des milliards de fois par les internautes sur YouTube.

La croissance exponentielle de l’audience mondiale de BTS a créé de nouvelles exigences dans le public quant aux paroles des chansons, qui, dans ce groupe, sont particulièrement percutantes, et à la chorégraphie, mais aussi à la personnalité des artistes. Le groupe a apporté la démonstration que l’alliance optimale de ces talents avec une stratégie commerciale judicieuse permettait d’être présent dans le monde entier et d’acquérir un important effectif de fans à l’international.

Les marchés étrangers occupent une place centrale dans les stratégies de marketing et la politique commerciale des groupes de musique de la quatrième génération, notamment dans le cas du recrutement hors des frontières d’artistes de talent capables de s’exprimer dans différentes langues. L’illustration en est fournie par BLACKPINK, ce groupe de K-pop féminin qui figure actuellement au nombre des plus célèbres et compte parmi ses membres la Thaïlandaise Lisa, de même qu’EXO a fait appel à la participation de la Chinoise Lay.

Dans les groupes de K-pop les plus connus, une pratique courante consiste à assurer la promotion de leurs nouveaux albums lors d’entretiens et manifestations diverses se déroulant à l’étranger, comme dans le cas d’ATEEZ, qui allait entreprendre une tournée américaine à peine quelques mois après avoir débuté et allait se constituer un important groupe de fans étrangers, avant de rentrer au pays pour s’y consacrer au marché intérieur.

Images et messages
Les groupes de K-pop de la quatrième génération présentent aussi la particularité de posséder un zeitgeist, cet « esprit du temps » qui constitue le dénominateur commun de ces représentants de la génération Z, à l’instar de TOMORROW × TOGETHER. Dans les premiers temps, ce groupe allait particulièrement attirer l’attention par un narratif évoquant l’imperceptible sentiment de mélancolie qui émane de la jeunesse actuelle dans des histoires à l’imagination évocatrice de contes de fées. En adoptant le langage particulier des jeunes et en se faisant l’écho de leurs émotions, ce groupe a su se positionner pour attirer exclusivement un public d’adolescents et de jeunes adultes.

Les groupes actuels se distinguent avant tout de leurs prédécesseurs par la composition des formations féminines, telle IVE qui, dès ses débuts intervenus en décembre 2021, a axé son concept sur l’idée du « soi », évoquant dans ses titres le thème du narcissisme qu’illustrait parfaitement la beauté éblouissante de ses sympathiques membres. Cette union harmonieuse allait successivement donner naissance à trois titres couronnés de succès, à commencer par Eleven en 2021, suivi de Love Dive et d’After Like en 2022, ce qui allait leur valoir de recevoir une distinction aux Melon Music Awards de 2022, aux Mama Awards et aux Asia Artist Awards.

SSERAFIM, pour sa part, s’est fait connaître par la teneur des audacieux messages que véhiculent ses chansons. Créé en 2022, ce groupe évoquait dans ses premières compositions le thème des joies et peines du « moi », lequel allait peu à peu évoluer pour s’adresser à « nous ».
Quant au groupe NewJeans, qui aspirait dès ses débuts à devenir aussi emblématique de son époque que ce jean que chacun porte désormais sans s’en lasser, il a fait sensation par son concept rétro, ses compositions, sa chorégraphie et le talent certain de ses cinq membres. Intitulé Attention, son premier titre allait se hisser au sommet du Billboard Global 200, de même que Hype Boy par la suite, et l’accumulation de ces succès allait rapidement se traduire, sur le plan commercial, par la conclusion de contrats visant à en faire les ambassadeurs de grandes marques nationales et internationales.

 

L’arrivée de la covid

Il est intéressant de constater que les textes de chansons évoquant la réalité virtuelle, ce métavers qui semblait constituer l’un des mots-clés des chansons des premiers groupes de K-pop de la génération actuelle, semblent maintenant y accorder moins d’importance. Après avoir fait couler beaucoup d’encre à propos de sa vision particulière d’un monde habité par des avatars, le groupe æspa semble aujourd’hui plus connu pour s’être finalement engagé dans une voie inspirée du SMP (SM Music Performance) des premiers temps, ce style spécifique de chanson et de danse sur lequel repose l’image de marque de SM Entertainment.

Quand a éclaté la pandémie et que les contacts entre les personnes ont été cantonnés aux échanges virtuels, l’industrie de la K-pop n’a pas tardé à comprendre le profit qu’elle pourrait tirer de la technologie pour recréer des liens et, comme on pouvait s’y attendre, les entreprises qui se sont montrées les plus dynamiques ont été celles qui proposaient aux fans de se retrouver sur des plateformes permettant aussi d’échanger avec les artistes.

Dans une atmosphère plus survoltée que jamais, la K-pop de quatrième génération semble enfin avoir défini son identité dans ses grandes lignes et annoncer ainsi la future étape de son évolution.