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2021 WINTER

QUAND RENAÎT LE hanok

Une carrière construite sur les souvenirs d’un hanok

Si l’architecte Daniel Tändler a vécu dans son Allemagne natale jusqu’à ses études à l’université et à l’obtention d’un diplôme, il en sait sur les hanok plus que les Coréens eux-mêmes, car il a été amené plusieurs fois à en dessiner les plans au cabinet Urbandetail qu’il a ouvert en compagnie de Choi Ji-hee dans une ruelle du marché de Bangsan d’Euljiro, ce quartier de la capitale coréenne.


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Lorsqu’il part en voyage à des fins de prospection, l’architecte Daniel Tändler aime à croquer en quelques coups de crayon les modestes maisons coréennes d’autrefois.

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Construction moderne de 2018 réalisée en bois et brique dans la province de Gyeonggi, la Gwanggyo House possède un toit octogonal et trois cours.
ⓒ Lee Sang-hoon, hooxMe

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À Chebu-dong, l’un des quartiers de Séoul, s’élève depuis un an, à l’emplacement d’un hanok aujourd’hui disparu, une maison qui comporte un étage, mais donne, de l’extérieur, l’impression d’être de plain-pied et se fond dans le paysage de la petite rue où elle se trouve.
ⓒ Lee Sang-hoon, hooxMe

Daniel Tändler, qui est né d’un père allemand et d’une mère coréenne, garde un souvenir ému de vacances passées chez ses grands-parents maternels de Gwangju, où il jouait avec ses cousins et habitait dans une maison d’autrefois.

Par la suite étudiant en sciences économiques à l’université Georg August de Göttingen, il lui arrivera souvent de douter de sa motivation et le stage de fin d’études qu’il effectuera à l’Institut Samsung de recherches en économie ne fera que confirmer que cette orientation ne lui convient pas réellement. En se posant alors des questions sur ce qui l’intéresse vraiment, il se rappellera l’attirance qu’il ressentait pour les traditions coréennes, en particulier pour les hanok, depuis qu’à l’école, il avait lu le livre du maître charpentier Shin Young-hoon sur ces maisons anciennes. À l’occasion d’un séjour à Gawngju, il fréquentera assidument le Centre culturel du hanok qu’y anime cet artisan et, à son retour en Allemagne, il prendra la décision de s’inscrire au Département d’architecture de l’université RWTH d’Aix-laChapelle..

Diplôme en poche, Daniel Tändler postulera avec succès à un emploi au cabinet Guga Urban Architecture de Cho Jung-goo, puis, lorsqu’il y aura acquis suffisamment d’expérience, il créera le sien dans le but de concevoir des projets réalisant une fusion de l’architecture contemporaine avec celle des hanok et s’y consacrera dès lors.

Existe-t-il des points communs entre les hanok et l’architecture allemande ?
Oui, car les constructions traditionnelles possèdent aussi des charpentes en bois, comme dans ma ville natale, où se trouvent beaucoup de maisons du Moyen Âge qui rappellent les hanok par leurs poutres en bois et leurs murs en terre. On retrouve d’ailleurs ces matériaux, ainsi que la pierre, dans les constructions traditionnelles de tous les pays, ce qui explique certaines ressemblances entre elles.

À quel type de hanok vous intéressezvous surtout ?
À l’ornementation des palais et des temples bouddhiques, je préfère la simplicité des bâtisses où demeuraient les nobles, comme la célèbre maison Sugok d’Andong ou celle qui abrita le peintre et érudit Yun Du-seo à Haenam. En vertu des préceptes confucianistes qui régissaient la vie avec rigueur sous le royaume de Joseon, l’architecture d’une habitation particulière ne devait en aucun cas être plus ornementée ou élaborée que celle d’un palais. Elle présentait donc un aspect sobre et dépouillé, à l’instar des hanok que crée notre cabinet, et pouvaient même être dépourvues d’un double avant-toit.

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Daniel Tändler à Séoul, dans son cabinet d’Euljiro, où sont à l’étude différents projets de réalisations modernes inspirés de l’esprit dans lequel furent construits les hanok.

À vos yeux, quelles évolutions conviendrait-il d’apporter à ce type d’habitat ?
Dans la construction des hanok d’aujourd’hui, on cherche souvent à produire la copie conforme de ceux d’époque Joseon, alors qu’il est impossible de les reconstituer à l’identique. Leur forme d’ensemble ne peut que changer si l’on apporte des modifications d’intérieur pour plus de confort ou que l’on réaménage l’espace pour lui conférer de nouvelles fonctions. Au lieu de cela, il serait plus pertinent de remanier complètement l’implantation des pièces afin d’y introduire des éléments d’architecture contemporaine.

Mais au préalable, il est indispensable de se poser la question fondamentale de ce qu’est un hanok. Dans un premier temps, il faudrait se fixer pour objectif de ne plus se limiter à une restitution de l’aspect extérieur d’autrefois pour se concentrer sur l’esprit même du hanok.

Quels éléments de ces maisons conviendrait-il de conserver en vue de cette fusion ?
Je ne cesse de m’interroger sur ce point, car j’aspire à rendre fidèlement l’essence du hanok par la lecture que j’en propose dans

mes réalisations contemporaines. Cette forme d’habitat présente notamment la particularité de réunir des espaces fonctionnellement très différents au sein d’un même lieu de vie. Il suffit de prendre l’exemple du daecheong, cette salle au sol en parquet et à trois côtés s’ouvrant sur l’extérieur que l’on a imaginée dans le sud du pays pour échapper à la chaleur et à l’humidité, tandis que le chauffage au sol appelé ondol a été inventé pour se protéger du froid de l’hiver dans le nord. Contrairement à ce daecheong parqueté, qui ne peut être, par nature, qu’ouvert et exposé à la vue, les pièces à ondol demeurent des lieux simples et fermés qui res- pectent l’intimité. C’est l’heureuse alliance de ces fonctions opposées que je trouve fascinante.

Par ailleurs, le hanok se caractérise par la subtile hiérarchie qu’il établit dans la distribution de l’espace. Grâce à son accès à la rue, la cour conduit tout naturellement le visiteur jusqu’à la maison elle-même et, en premier lieu, à cet espace parqueté autour duquel se répartissent les différentes pièces.

En reliant directement la rue à la cour, puis celle-ci à l’espace parqueté et ce dernier aux chambres, l’implantation distingue clairement les espaces ouverts que sont la rue et la cour du lieu de vie privé que constituent l’espace parqueté et les chambres, les domaines public et privé coexistant ainsi au sein d’une même habitation. Une mise en application judicieuse de ce principe de conception devrait permettre d’obtenir des résultats tout à fait intéressants.

Dans quelle mesure vous conformezvous aux souhaits de vos donneurs d’ouvrage ?
Le maintien d’un bon équilibre s’avère impératif à cet égard. L’architecte que je suis ne cherche pas à faire passer son point de vue avant celui de ses clients, pas plus que je n’obéis aveuglément à n’importe quelle demande. S’agissant notamment de la cour, qui constitue l’endroit le plus remarquable d’un hanok traditionnel, les limitations de superficie inhérentes à ce dernier ne permettent guère d’en créer une de grande taille et il est alors plus difficile de parvenir à une belle réalisation tout en répondant aux besoins de place des futurs occupants. L’architecte ne peut alors que réfléchir à des solutions adaptées au fur et à mesure de l’avancement de son travail.

Seo Yoon-young Chroniqueuse spécialisée dans l’architecture
Ha Ji-kwon Photographe

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