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2021 SUMMER

Les réits au féinin, nouvelle vague du septièe art corén

Les étoiles montantes du cinéma féminin

Dans l’histoire vieille d’un peu plus d’un sièle du cinéa corén, les femmes ont jusqu’ici ééreléués au second plan, mais une nouvelle gééation de rélisatrices accèe aujourd’hui àla notoriééen livrant des oeuvres oùs’exprime une certaine vision du monde, àl’instar de Yim Soon-rye, Byun Young-joo, Jeong Jae-eun, Kim Cho-hee ou Kim Bo-ra, qui en sont les principales repréentantes.

YIM SOON-RYE: ou l’exigence de crér du lien

Exceptionnelle par sa carrièe particulièement longue et prolifique, Kim Soon-rye s’est aussi illustré par le combat qu’elle mèe pour ses consoeurs du septièe art corén et qui a fait d’elle l’une des grandes figures de celui-ci. Lee Eun-sun Journaliste de cinéa

La rélisatrice Yim Soon-rye et l’éuipe de production du film Little Forest sur le lieu du tournage en 2018. Sixièe des cinéstes corénnes les plus importantes, elle a déutésa carrièe en 1994 par un court mérage intituléPromenade in the Rain.

 

Dans Forever the Moment, de 2008, Yim Soon-rye éoque l’éopé de l’éuipe nationale féinine de handball et ses remarquables prestations aux Jeux olympiques d’ééd’Athèes en 2004. La rélisatrice allait accéer àla notoriéésuite au succè inattendu de ce film au box-office.

Yim Soon-rye travaille actuellement àla post-produc-tion de The Point Men, son dernier film inspiréde l’histoire vraie de missionnaires chréiens sud-co-réns qui ont éépris en otages en Afghanistan en 2007, ainsi que d’un diplomate et d’un agent spéial dont l’action a permis de libéer d’autres personnes enlevés au Moyen- Orient. La cinéste est parvenue àen tourner les principales scèes l’anné dernièe, en déit des difficulté occasion-nés par la pandéie de Covid-19, et le tournage, qui avait lieu en Jordanie, s’est si bien déouléqu’elle pense avoir peut-êre éuiséson capital de chance.

Les films d’action mettant surtout en valeur des person-nages masculins et laissant donc peu de place àl’expression de la parole des femmes, Yim Soon-rye se fixe une certaine ligne de conduite àce propos : « Àchaque nouveau film, je veille àne pas reprendre des personnages qui figuraient dans les prééents, comme je l’ai fait cette fois encore ».

Dans la filmographie électique de la cinéste, figurent des films aussi difféents que Three friends (1996), ce pre-mier long mérage sur la vie de trois jeunes confronté àla difficile entré dans le monde du travail àl’issue de leurs éudes secondaires, ou Waikiki Brothers (2001), qui suit trois musiciens dans leurs errances d’une boîe de nuit àl’autre, ou encore Forever the Moment (2008), qui retrace l’éopé de l’éuipe nationale féinine de handball, Whist-le Blower (2014) éoquant des faits réls de clonage illicite de cellules souches humaines par un scientifique, tandis que Petite forê (2018) conte l’histoire touchante d’une jeune femme qui repart vivre àla campagne, dans sa maison d’en-fance, pour prendre un nouveau déart loin du tumulte de la ville. Aux côé de ces oeuvres d’une grande diversité il convient aussi de signaler une participation àla rélisation de plusieurs films documentaires consacré àla question des droits de l’homme.

Àpartir de 1994, anné oùelle remporte le grand prix du Festival international du court mérage de Séul pour sa premièe oeuvre du genre intitulé Promenade in the Rain, Yim Soon-rye ne cessera de diversifier et d’approfondir ses thèes d’inspiration en restant àl’éoute des préccupations du public, sans pour autant compromettre le niveau de quali-téde ses crétions, car il demeure tout aussi important àses yeux.

« Àeux deux, Three Friends et Waikiki Brothers, qui sont mes films des déuts, n’ont pas déassé150 000 entrés. Puis Forever the Moment allait me faire comprendre tout l’impact de la réssite commerciale », se souvient-elle. « Depuis cette éoque, je suis àla recherche d’un éuilibre entre l’impéatif du succè et la volontéde faire passer un message ».

Chez les cinéhiles, Forever the Moment a eu incon-testablement le plus de retentissement bien qu’il porte sur un sport, le handball, qui d’ordinaire ne déhaîe pas les passions, outre qu’il a pour personnages principaux une femme divorcé et une mèe. De l’avis de sa rélisatrice, le succè inattendu qu’il a remportéau box-office en attirant plus de quatre millions de spectateurs s’explique par le soin extrêe avec lequel a ééplanifié sa production par Shim Jae-myung, alias Jamie Shim, la pééèe de Myung Films àlaquelle elle attribue tout le méite de cette réssite, et celle-làmêe avec qui elle a créél’Association des femmes cinéstes, pionnièe de la déense des droits et des intéês des femmes travaillant dans l’industrie cinéatographique.

« En 1999, un certain nombre d’entre nous nous sommes retrouvés au Festival international du film de Busan, dont Shim Jae-myung, la rélisatrice Byun Young-joo et moi-mêe, qui avons alors eu l’idé de mettre sur pied cette association », explique Yim Soon-rye. « Toutes autant les unes que les autres, nous estimions néessaire de disposer d’un cadre au sein duquel encourager les nou-veaux talents às’exprimer et déendre les droits des profes-sionnelles du cinéa ».

Depuis sa crétion en avril 2000, outre qu’elle organise chaque fin d’anné un festival consacréau cinéa féinin, l’Association des femmes cinéstes a fait éiter un diction-naire dans ce domaine et produit le film documentaire Kee-ping the Vision Alive: Women in Korean Filmmaking réliséen 2001.

Interrogé sur le point de vue qui est le sien sur le ciné-ma corén actuel, en tant que rélisatrice importante, Yim Soon-rye délare : « Je l’envisage avec optimisme devant la sensibilitédont font preuve de jeunes rélisatrices promet-teuses et l’intéê que préente ce qu’elles ont àraconter. En revanche, je ne peux que constater que certains obsta-cles les empêhent d’éoluer plus rapidement en déit de tous leurs efforts. Ces deux dernièes annés, toutefois, leur crétion a su se diversifier et s’affranchir des contraintes. »

Par ailleurs, elle délore l’accueil déavorable que ren-contrent les films d’inspiration féiniste et dont téoignent systéatiquement les notes attribués par les jurys mascu-lins, tout en estimant que l’essor du marchédu streaming OTT devrait leur offrir davantage de possibilité. « J’aime-rais voir et réliser des films montrant des personnages libres de vivre leur vie sans avoir àcraindre que soit portéatteinte àleur dignitéd’êres humains en raison de leur sexe », conclut-elle en éoquant le monde tel qu’elle le rêe.

Lee Eun-sun Journaliste de cinéa

BYUN YOUNG-JOO : brave les interdits pour libéer le déir

Dans les annés 1990, bien avant d’avoir conquis les téépectateurs par son franc-parler, Byun Young-joo s’éait déàfait connaîre par un cinéa àla théatique féiniste et sa notoriééne se déent pas aujourd’hui encore, ce qui peut surprendre dans le cas d’une cinéste arrivé àla soixantaine.

La rélisatrice Byun Young-joo pose lors d’un entretien dans un caféde Yeonhui-dong àSéul, en avril dernier. Elle a commencésa carrièe àla fin des annés 1990, avec la trilogie de films documentaires sur les « femmes de réonfort », ces victimes des faits d’esclavage sexuel par l’armé impéiale japonaise.

Rélisatrice talentueuse, Byun Young-joo est l’au-teure d’une importante filmographie qui comporte notamment la céère trilogie de films documen-taires The Murmuring (1995), Habitual Sadness (1997) et My Own Breathing (1999). Ces oeuvres reviennent sur la vie des femmes dites « de réonfort », ces jeunes filles qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, furent réuites àla condition d’esclaves sexuelles par l’armé impéiale japo-naise. Dans un autre registre, le film Ardor (2002) éoque les déirs qui naissent chez une femme marié d’âe moyen et les risques qu’ils lui font courir, tandis que Flying Boys (2004) suit un groupe de lycéns lors de son passage àl’âe adulte, le thriller psychologique Helpless (2012) ayant quant àlui pour personnage principal une jeune femme qui commet une usurpation d’identitépour dissimuler son passéet vivre une nouvelle vie.

Votre trilogie s’est illustré dans les plus grands festivals internationaux…
Aprè la sortie du premier volet, The Murmuring, qui a eu lieu en 1995, d’aucuns m’ont dit : « Je n’ai pas vu le film, mais j’ai beaucoup d’admiration pour ce que vous faites ». Dans tout le pays, il n’a fait que 4 800 entrés et certains critiques l’ont jugésans mêe l’avoir vu en supposant qu’il s’agissait de la nièe histoire sur le sujet. Face aux cri-tiques acerbes de mes aîé, j’ai d’abord ééfurieuse, car je n’avais pas méagémes efforts pour réliser ce film. Puis, aprè avoir mûement réléhi aux conseils qu’ils me don-naient, j’ai déidéde les mettre àprofit dans mes films sui -vants en changeant de point de vue, c’est-àdire en adoptant celui d’une dame âé qui interviewe une autre dame de son âe.Àl’éranger, la critique a beaucoup mieux accueilli cette trilogie qui n’avait intéesséles Coréns que par son sujet. Mon but n’éant pas d’éouser telle ou telle cause, cela me mettait mal àl’aise de recevoir des éoges pour une raison autre que mon film en lui-mêe. Sincèement, j’au -rais voulu fuir tous ces honneurs. Puis, j’ai effacécet éi -sode de ma méoire, mais un rélisateur m’a reprochéun jour de n’avoir pas voulu transmettre àde jeunes cinéstes le savoir-faire que j’avais acquis sur toute la chaîe, de la production àla distribution. J’ai vraiment regrettécette erreur et depuis, je m’efforce d’y reméier du mieux que je le peux en prenant activement part àdes manifestations consacrés au cinéa indéendant.

Votre premier long mérage, Ardour, a pour personnage principal une jeune femme au foyer qui, en apprenant que son mari l’a trompé, entame une liaison intime déourvue de sentiments avec un voisin. Un tel sujet ne pouvait que faire déat ici et là
Dè qu’a couru le bruit que je travaillais sur un long mérage, j’ai reç une foule de propositions portant sur le thèe des « femmes de réonfort », mais je les ai refusés l’une aprè l’autre. Mes dix annés de cinéa indéendant me pesaient et je voulais tout simplement faire un film que les gens iraient voir, sans m’inquiéer de leurs éentuelles réctions.

Vous qui veniez de réliser un documentaire sur les vic -times de l’esclavage sexuel devez avoir beaucoup réléhi sur la manièe de préenter les scèes d’amour.
D’abord et avant tout, je me suis fixépour objectif de trans -mettre aussi fidèement que possible le réit féinin que constitue le roman de Jon Kyong-nin Un jour trè spéial dans ma vie. En ce qui concerne les scèes d’amour, ce que j’ai le plus regrettépar la suite est de m’êre trop soucié de ce que je pouvais ou non filmer, au lieu d’agir comme je l’entendais. De ce fait, je dirais que ces scèes sont, pour ainsi dire, àbut « déensif ».

Une longue parenthèe s’est ouverte entre Flying Boys et Helpless.
Comme je raffole de la fiction et des films de genre, quand j’ai terminéFlying Boys, je me suis demandépourquoi ce que je faisais éait si éoignéde ce que j’aimais. Pendant un voyage àGyeongju, j’ai lu Une carte pour l’enfer, ce roman de l’érivaine japonaise Miyuki Miyabe. Fasciné, j’en ai achetéles droits d’adaptation. Le film que j’en ai tiré Help-less, s’intéesse aux raisons qui conduisent une femme comme les autres àse muer en un êre inhumain. Je me sou -viens de la mise en garde d’alors de mon producteur : « Ne t’obstine pas àdonner une morale au film ou àlui faire véiculer un message important. Il le fera de lui-mêe, sans que tu t’en aperçives ». Dè le tournage, j’ai compris ce qu’il voulait dire par là

Laissez-vous entendre qu’une intrigue captivante sur un thèe féiniste ou qu’un personnage féinin convain -cant ne sont pas toujours politiquement corrects ?
Je souhaiterais que les personnages féinins, tant passifs qu’actifs, soient plus nombreux, et que l’intrigue se dée -loppe àson rythme, quelle que soit la duré de leur appari -tion. Déà j’ai insistésur la passivitéàlaquelle sont réuits bien des personnages féinins, car, dans nombre de scéa -rios, ils sont objectivé et ne portent pas une partie impor -tante du réit. La passivitéd’un personnage n’est pas une mauvaise chose en soi, mais tout film, qu’il soit dûàun homme ou àune femme, se doit d’accorder assez de place aux personnages féinins.

Im Soo-yeon Journaliste àCine21

JEONG JAE-EUN : travaille sur l’expression de la souffrance

Sorti en salle en 2001, le premier long mérage de Jeong Jae-eun, intituléTake Care of My Cat, repréente un premier film de femme bien antéieur àceux qui allaient apparaîre en plus grand nombre dans le cinéa corén et il occupe de ce fait une place importante dans l’histoire de ces rélisations.

La cinéste Jeong Jae-eun lors d’un entretien qu’elle accordait en 2013 àun magazine aprè la sortie en salle de son documentaire Talking Architecture, City: Hall, qui éoque la rélisation du nouvel Hôel de ville de Séul.

«Quelle éudiante en cinéa affirmerait n’avoir àaucun moment subi l’influence du film Take Care of My Cat ? » délarait un jour une jeune rélisa-trice et, de fait, l’imaginaire des grandes figures du cinéa féinin corén n’a pu qu’êre marquépar ce film réolu-tionnaire qui traite du passage àl’âe adulte de cinq jeunes femmes et capte avec finesse la part de douleur dont s’ac-compagne cette croissance.

S’il a essuyéun éhec commercial àsa sortie, ceux qu’il avait conquis d’emblé allaient se mobiliser pour en faire la promotion lors de sa deuxièe sortie en salle, tan-dis qu’àl’éranger, il éait projetédans nombre de festivals, notamment àRotterdam et àBerlin, oùun accueil trè favo-rable lui sera réervé tandis que le quotidien The Guardian le le classait mêe parmi les vingt grands classiques du cinéa sud-corén moderne. En vue du vingtièe anniver-saire de cette oeuvre, Jeong Jae-eun travaille actuellement àsa rééition en version remasterisé.

Pourquoi vous êre intéessé àdes jeunes femmes d’une vingtaine d’annés dans votre premier long mérage ?
Cela me semblait le prolongement logique des courts mérages que j’avais rélisé sur une éolièe, puis sur une lycénne. Avec un peu de recul, je dirais que sa rélisa-tion a tenu du miracle, mais il est vrai qu’elle a bééiciédu fait que le cinéa corén de l’éoque se montrait plus àl’éoute de la crétion et que les publicité des tééhones portables mettaient souvent en valeur les jeunes femmes. J’imagine que c’est ce terrain favorable qui m’a permis de faire le film.

Malgré ses maigres réultats au box-office, il a conquis de nombreux cinéhiles.
Àcette éoque, le public éait d’une grande diversité quoiqu’en grande partie masculin, mais, pour autant, ces hommes ne se montraient pas aussi hostiles qu’aujourd’hui aux films féinistes. Je crois mêe pouvoir dire qu’ils compatissaient avec les personnages féinins confronté àun quotidien difficile, tandis que les femmes elles-mêes prééaient éiter les films qui leur rappelaient les sombres rélité de leur vie.

Votre long mérage suivant, The Aggressives (2005), ne les a-t-il pas déçs ?
Quand on me demandait pourquoi j’avais choisi de par-ler des hommes, je ne savais que réondre, mais j’estime qu’une rélisatrice doit pouvoir le faire sous un jour nou-veau et inversement. Dans ma jeunesse, j’ai vu bien des films qui comportaient des personnages de femmes, mais leurs rélisateurs, qui éaient des hommes, préentaient celles-ci dans des situations de souffrance physique, notam-ment sexuelle. Ce trait correspondait peut-êre àune volontéde susciter l’éotion en rééant la douleur àl’éat brut. En ce qui me concerne, je ne souhaite pas me complaire àmon-trer crûent d’horribles souffrances, car je m’efforce de ne pas donner dans l’excè quand j’exprime les peines et déirs des femmes.

Comment avez-vous réliséle documentaire Beast, qui faisait partie de la séie Modern Korea diffusé par la chaîe KBS ?
La chaîe m’a demandéde travailler sur un sujet féinin destinéàcette séie, dont les éisodes prééents avaient tous éérélisé par des hommes. Dans l’air du temps d’alors, j’imagine qu’elle tenait àaborder de tels thèes selon un point de vue féinin. En effectuant des recherches dans ses archives, j’ai eu la surprise de constater àquel point ses productions éait destinés àdes hommes d’âe moyen, car, pour la plupart, elles se contentaient de mon-trer des femmes au foyer de manièe particulièement sté-rétypé. En conséuence, je n’ai guèe trouvéde maté-riau correspondant àl’image de la femme que je souhaitais repréenter et il m’a donc fallu me servir d’extraits de séies tééisés.
En 1992, s’est produit un fait divers au cours duquel une éudiante a tuéun homme qui l’avait agressé sexuel-lement dè son plus jeune jeune âe. C’est son histoire que j’ai voulu conter dans Beast en assemblant des scèes issues de difféentes séies tééisés pour exprimer le bouillon-nement intéieur qui avait poussécette jeune femme àcom-mettre un meurtre. Alors que, dans un premier temps, le public de mon documentaire se composait principalement d’hommes d’âe compris entre quarante et soixante ans, il allait par la suite attirer de jeunes téépectatrices.

Que pensez-vous des vieilles séies tééisés que vous avez consultés àcette occasion ?
Jusqu’àla fin de la premièe moitiédes annés 1990, cer-tains cliché dominaient s’agissant des personnages féi-nins, qui éaient souvent des jeunes femmes issues de familles pauvres ou maltraités par leurs parents, quand elles ne suscitaient pas la convoitise de leur patron, et la caméa de s’attarder sur les souffrances qu’elles enduraient. J’ai aussi constatéque les scèes de viol ou de harcèement sexuel y éaient préentés avec un certain esthéisme, bien que l’on se demande comment ces situations horribles pou-vaient se transformer en divertissements prês àconsommer. Aprè avoir achevémon travail sur cette séie, je me suis donc efforcé de respecter certaines limites dans la repré-sentation visuelle de la douleur.

Pensez-vous que le public ait éalement éoluédans ce sens ces vingt dernièes annés ?
La plus grande sensibilitéque montrent les personnages de jeunes femmes dans les films ou les romans actuels repré-sente un important changement qui, àmes yeux, réèe toute l’estime et le respect qu’érouvent les femmes envers elles-mêes. Àce propos, je me réouis de constater que les per-sonnages féinins de ces oeuvres de fiction n’héitent plus àexprimer ouvertement leurs déirs et j’ose espéer que cette nouvelle attitude se manifestera aussi dans la rélité

Im Soo-yeon / Journaliste àCine21

KIM CHO-HEE : céère les joies de la libéation

Tout premier long mérage de Kim Cho-hee datant de 2019, Lucky Chan-sil a pour personnage principal la céibataire du mêe nom, une exubéante quadragéaire àl’accent réional qui perd soudain son emploi, et le spectateur ne peut s’empêher de penser qu’elle rappelle fort la rélisatrice du film.

La rélisatrice Kim Cho-hee éhangeant avec des acteurs sur le lieu de tournage de Lucky Chan-sil, une coméie léèe inspiré de son véu personnel dans le cinéa et couronné de succè tant sur le plan commercial que par son niveau de qualité

Il est de Chan-sil comme de ces personnes que l’on croise parfois au quotidien, mais qui ne sont jamais incarnés par des personnages de films, car, en l’oc-currence, qui donc une quadragéaire sans mari ni enfant, et chôeuse de surcroî, intéesserait-elle au cinéa ?

Telle est l’idé reçe que se propose de bousculer joyeusement le film Lucky Chan-sil avec, pour entré en matièe, la perte de son emploi de productrice de cinéa par ladite Chan-sil qui, loin de s’apitoyer sur elle-mêe, va pourvoir àses besoins en travaillant comme femme de méage chez une jeune actrice et amie. Elle trouve aussi l’amour en faisant une rencontre qui vient pimenter l’in-trigue.

Cette Chan-sil s’avèe en fait êre l’alter ego de Kim Cho-hee, de son aveu mêe, comme en téoignent ces mots : « Je voulais parler de ce que je connais le mieux, voilàtout ». En 2008, l’éudiante en cinéa de l’Universi-téParis 1 Panthén-Sorbonne entame sa carrièe en partici-pant au tournage du film de Hong Sang-soo Night and Day (2008), qui se déoule en banlieue parisienne. S’ensuivront plusieurs annés de travail de production pour ce mêe cinéste, mais la fin brutale de cette activitéla plongera un jour dans une déresse dont elle parviendra àsortir en se lan-çnt dans la réaction du scéario de Lucky Chan-sil.

S’agissant des réctions suscités par cette oeuvre, Kim Cho-hee allait constater une nette difféence entre celles du public et des professionnels. « Quand j’ai préentémon scé-nario aux investisseurs en vue d’obtenir un financement, je me suis souvent entendu dire que son principal problèe n’éait autre que Chan-sil ! Son personnage leur semblait trop autobiographique, ce qui n’a pas empêhéle public de tomber amoureux d’elle. J’en ai donc conclu, que des deux, c’éait le public qui éait le moins conservateur ».

Plutô que de mettre en éidence la réssite profession-nelle de Chan-sil, la rélisatrice a pris le parti d’insister sur sa persééance et son déir d’indéendance, car, selon les mots mêe du personnage : « L’indéendance éotionnelle est tout aussi importante que l’autonomie financièe ». Le film parle aussi des petits bonheurs qui éaillent le quoti-dien et de la satisfaction de pouvoir redonner vie àun rêe oubliédepuis trop longtemps.

« Ce constat s’applique aussi àmoi. Jusqu’àla trentaine, je ne m’intéessais qu’aux performances et àla réssite pro-fessionnelle et puis, un jour, j’ai compris que je n’éais pas faite pour cela. Mon éhec total en tant que productrice m’a ouvert les yeux. J’ai souhaitétéoigner auprè du public du fort sentiment de libertéque l’on érouve en renonçnt àdes ambitions hors de porté », délare la rélisatrice.

Àla sortie en salle du film en mars 2020, éoque àlaquelle la pandéie de coronavirus frappait de plein fouet l’industrie du cinéa, Kim Cho-hee a réolu d’aller de l’avant, àl’instar du personnage de son film, et ce dernier allait alors connaîre un succè assez conséuent s’agissant de cinéa indéendant, puisqu’il a attiréprè de 27 000 spectateurs. L’interpréation du rôe vedette allait valoir àKang Mal-geum de se voir déerner le prix de la meilleure jeune actrice dans la plupart des grands festivals de cinéa coréns.

Lucky Chan-sil éoque éalement les liens d’amitiéqui se nouent entre Chan-sil et sa logeuse incarné par Youn Yuh-jung, dont la rélisatrice avait fait la rencontre sur le tournage du film Hahaha de Hong Sang-soo (2010) et avec qui elle est resté trè lié. Quelques annés plus tard, cette dernièe avait acceptésans héitation de jouer àtitre gra-cieux dans le court mérage Ladies of the Forest (2016) que Kim Cho-hee avait réliséavec le soutien du Festival du film des montagnes d’Ulju aprè avoir interrompu ses acti-vité une anné durant en raison d’un séour au Canada.

Depuis que Youn Yuh-jung a remportél’Oscar du meil-leur second rôe féinin dans le film Minari réliséen 2020 par Lee Isaac Chung (2020), Kim Cho-hee a souvent ééamené às’exprimer àson sujet du fait de leurs nom-breuses collaborations.

Scèe de Lucky Chan-sil, dont le personnage principal féinin, qui a perdu son emploi et doit se loger dans une chambre de location situé tout en haut d’une colline, a touchéle public par son courage.

« J’ai l’impression d’êre son porte-parole, mais je me demande si je suis en mesure de parler d’une actrice aussi distingué », confie la rélisatrice, avant de reprendre avec une tendresse non dissimulé : « C’est une vraie profes-sionnelle qui a déontréqu’elle ne s’éait pas hissé au sommet par un simple coup de chance. Pas une seule fois je ne l’ai entendue se tromper de rélique. Son jeu se ressent de la sagesse qu’elle a acquise avec les alés de la vie ».

Kim Cho-hee travaille actuellement sur son prochain film, une coméie romantique qui aura pour personnages un couple atteint de problèes mentaux. « Je crois bien que je vais devoir passer par toutes les éapes d’un film commercial », confiait-elle et, de fait, dè qu’elle aura remis son projet de scéario, commencera une longue suc-cession de renvois de commentaires et de réisions qui pourrait bien durer plusieurs annés.

Lee Eun-sun Journaliste de cinéa

KIM BO-RA : livre un réit personnel qui élaire son éoque

Dans House of Hummingbird, son premier long mérage réliséen 2018, Kim Bo-ra montre comment l’histoire de la vie d’individus peut faire déouvrir une éoque et une sociéésous un nouvel angle. Primé plus de soixante fois dans des festivals de cinéa coréns et érangers, cette oeuvre allait projeter sa rélisatrice sous les feux de la rampe.

Dans cette interview rélisé en 2019, Kim Bo-ra délarait avoir imaginéHouse of Hummingbird comme une lettre daté de 1994 qu’elle aurait adressé àses contemporains

Dans cette interview rélisé en 2019, Kim Bo-ra délarait avoir imaginéHouse of Hummingbird comme une lettre daté de 1994 qu’elle aurait adressé àses contemporains

House of Hummingbird situe son action en 1994, une anné oùse produisirent des éée-ments aussi marquants que la mort du dirigeant nord-corén Kim Il-sung àPyongyang et l’effondrement du pont de Seongsu àSéul. Àtravers le regard de la collé-gienne Eun-hee, la rélisatrice déeint un univers composéd’un réeau complexe oùs’enchevêrent difféentes dyna-miques allant des conflits familiaux aux problèes d’em-ploi.

Quelles difficulté avez-vous rencontrés dans la rélisa-tion ?
Quand j’ai sollicitépas moins de huit ou neuf investisseurs pour leur soumettre mon scéario et mon projet, la plupart d’entre eux ont affirméqu’un personnage de colléienne n’intéesserait pas le public. Dans mon entourage, je me suis vu souvent reprocher d’avoir éoquéla catastrophe de l’effondrement du pont de Seongsu en arrièe-plan de l’in-trigue.

Pourquoi souhaitiez-vous prendre une colléienne pour personnage principal ?
Le problèe dit « maladie de la deuxièe anné du col-lèe », aussi connu sous le nom de « syndrome de la hui-tièe anné de l’éole » aux Éats-Unis, correspond àun phéomèe universel, car l’âe trè difficile de 14 ou 15 ans se trouve àla charnièe de l’enfance et de la vie d’adulte pour les adolescents qui commencent àpeine àdéou-vrir le monde. Abreuvé d’informations qu’ils parviennent mal àassimiler, les colléiens déorienté sont en proie àla confusion. Puis, àleur entré au lycé, en se socialisant davantage, ils se forgent une armure qu’ils conserveront quand ils atteindront leurs vingt ans et qui se renforcera mêe àla trentaine. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de parler d’une colléienne.
Il m’incombait toutefois de le faire d’une certaine manièe, c’est-àdire en rupture avec l’image sexualisé que donnent des adolescentes les films rélisé par des hommes en les affublant de charmantes mini-jupes, en les préen-tant comme gentilles envers les hommes d’âe moyen et en les faisant élater de rire innocemment àtout propos, alors que celles que je vois autour de moi sont bien difféentes. J’ai donc souhaitécrér un personnage qui soit avant tout un êre humain fait de chair et de sang et animéd’éotions complexes.

Quelles ont ééles réctions du public àl’éranger ?
Au Festival international du film de Berlin, certains ont délaréque le film leur avait paru moins long que sa duré objective en raison de la densitéde l’intrigue. Il a reç un accueil particulièement enthousiaste au Festival du film de Tribeca, éant le premier dûàune cinéste corénne ày êre en compéition. Tout au long de l’anné 2018, il a poursuivi son parcours de festival en festival en raison de l’impéatif d’éalitéqui s’imposait partout suite au délenchement du mouvement Me Too. Un accueil chaleureux allait dè lors êre réervéàtoutes les rélisatrices corénnes. La presse érangèe leur a consacrédes articles et a vu dans leurs oeuvres l’apparition de la nouvelle vague du cinéa corén.

Pensez-vous que l’histoire de la vie d’une jeune fille soit repréentative de la Coré et de sa vie politique ?
D’aucuns ont cataloguémon film en le qualifiant de « féi-niste » ou de « solidaire de la condition féinine », mais ce n’est pas dans cet esprit que je l’ai rélisé mêe si des éé-ments de féinisme ne peuvent que s’y trouver puisque je revendique mon appartenance àce mouvement.
En regardant autour de soi, on peut avoir l’impression que les femmes et les minorité constituent aujourd’hui les seules populations qui s’intéessent àla politique, puisqu’elles y sont contraintes par les inéalité qu’elles subissent au quotidien de la part des institutions et de la sociéétout entièe. La compréension de la politique passe par une prise de conscience de la manièe dont celle-ci s’in-sinue dans la vie de tous les jours et c’est cette idé, entre autres, que j’ai cherchéàexprimer dans mon film.

Ne craignez-vous pas que le fait de vous classer comme femme cinéste ne cantonne ce film àcette seule éi-quette ?
Aussi difféents soient-ils les uns des autres, les films ré-lisé par des femmes se classent dans une mêe catéorie, ce qui me paraî d’autant plus inéitable aujourd’hui éant donnéla raretédes films consacré àdes personnages de femmes. Afin de mieux les mettre en valeur, il s’avèe donc pertinent de souligner leur spéificitépar rapport àceux qui portent sur des hommes.

NVous souhaitez réliser un film de guerre envisagésous un angle féinin. Pourquoi ?
Quand j’avais environ vingt-cinq ans, j’ai commencéàm’intéesser àla question de la guerre et, quand j’ai déou-vert la brutalitéavec laquelle s’éait comporté l’armé sud-corénne pendant celle du Vietnam, j’ai réléhi àla situation qui éait la mienne en tant que citoyenne d’un pays agresseur. Plus globalement, la Coré ne me semble pas s’êre penché suffisamment sur le problèe de la guerre. Pour mieux comprendre les souffrances subies par le peuple corén, il faut remonter jusqu’àla guerre de Coré.

Vous travaillez en ce moment sur un film de science-fic-tion intituléSpectrum et adaptéd’un roman de Kim Cho-yeop.
Tandis que des films de science-fiction tels qu’Interstellar mettent l’accent sur la technologie, d’autres recourent àce genre pour proposer un questionnement sur la nature fon-damentale de l’êre humain et Spectrum appartient plutô àcette seconde catéorie. Je réige actuellement son scéa-rio dans la perspective d’un déut de tournage l’anné pro-chaine.

Im Soo-yeon Journaliste àCine21

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