Un millier d’îles et autant de couleurs. Éparses dans les eaux qui baignent le littoralsud-ouest de la Corée, les îles du canton de Sinan sont riches de leurs ressources et desbeautés de leur paysage, mais aussi d’une culture spécifique plusieurs fois millénaire,qui sont autant de biens inestimables à transmettre aux générations futures.
Falaises herbues d’une centaine de mètresde hauteur, sur la presqu’île de Seomdeung,à Gageodo. En parcourant cet escarpementjusqu’au bout, on parvient à la pointe sudouestde la péninsule coréenne.
Une île évoque à l’esprit du voyageur des paysages exotiques, des horizonsinfinis, le sentiment d’échapper au quotidien et la certitude depouvoir légitimement cesser toute activité le temps d’un séjour. Dans saquête d’évasion, il sort d’une réalité caractérisée par la continuité et l’homogénéitétemporelles pour entrer dans une autre qui s’inscrit dans une durée discontinueobéissant aux lois de la nature. Autant d’impressions qu’il éprouveraavec particulièrement d’intensité s’il part à la découverte du canton de Sinan,que ce soit lors de son passage du continent à une des îles ou de l’une à l’autre.En embarquant pour ces destinations, il s’apprête à voir se dérouler devant luides vies d’insulaires aux histoires innombrables.
Les îles côtières
Jido a été la première des îles de Sinan à être reliée au continent, outrequ’elle l’est maintenant aussi, par des ponts, à celles de Jeungdo et Saokdo, desorte que toutes trois sont accessibles par la route. Les nombreuses espèceshalophytes qui croissent dans les marais côtiers de Jeungdo, aujourd’hui classésparmi les importants sites du monde en vertu de la Convention internationalede Ramsar sur les zone humides, colorent le paysage de leur teintes viveset changeantes au fil des saisons. Les épaves qui parsèment les eaux de Sinan,encore dans un bon état de conservation grâce à la boue présente à peu de profondeur,témoignent de la place stratégique que ces îles occupèrent dans lecommerce maritime dès les temps anciens. Les marais salants de Taepyungmis en valeur sur des bancs de boue et un ancien entrepôt de sel en pierre, quiabrite aujourd’hui le Musée du sel, ont quant à eux été classés au Patrimoineculturel moderne par les pouvoirs publics. Les histoires faites des joies etpeines des paludiers ajoutent à la valeur historique des lieux.
À une demi-heure de bateau à peine de l’embarcadère de Jeomam situé àl’extrémité occidentale de Jido, se trouve celui de Jilli sur l’île d’Imjado, qui esten son genre la plus septentrionale du canton de Sinan. Large de trois centsmètres, la grève de sable blanc de Daegwang s’étend sur douze kilomètres quel’on peut parcourir au gré d’une promenade de trois ou quatre heures. C’est laplus longue du pays, ce qui vaut à l’île entière d’être appelée communémentMoraeseom, à savoir « plage de sable ». Côté terre, les rivages cèdent la placeaux marais côtiers grouillants de vie aquatique. Parmi leurs innombrableshôtes, pullulent de minuscules crabes et des espèces en tout genre dont l’incessanteagitation nocturne laisse au matin de petits tas de sable qui dessinentdes motifs sur le littoral doré. Les vagues qui déferlent les effacent, indifférentes,avant de se retirer. Les petits artistes, eux, n’ont pas de temps à perdreet ils poursuivent inlassablement leur travail pour que leurs oeuvres ornent ànouveau les rives le lendemain.
Quand vient le mois d’avril, la plage de Daegwangaccueille une manifestation pittoresque.La fête de la tulipe, qui est en son genre la plusimportante du pays, vient embellir les lieux d’unparc d’une superficie de 120 000 m² dont 68 000sont réservés aux tulipes et 52 000 consacrés auxpins. Cette réalisation fournit une bonne illustrationd’un projet bien pensé permettant la créationde ressources au niveau local. Sa mise enoeuvre a reçu l’aval des collectivités locales suiteà une initiative de chercheurs en sciences horticolesde l’Université de Mokpo qui avançaient que les sablesfertiles, l’ensoleillement abondant et la brise d’Imjadoseraient propices à la culture des tulipes. Si l’île estcélèbre auprès de tous ceux qui souhaitent échapperun moment au rythme trépidant de la vie modernepour son cadre exceptionnel intégrant avec harmoniede telles créations au milieu naturel, fort peu d’entreeux savent qu’il est le fruit du travail humain. L’île futlongtemps pour moitié submergée, mais au cours dutemps, sa population édifia des digues pour arrêter lesflots et les habitants des autres îles ayant fait de même,elles n’en formèrent plus qu’une.
Dans le nord de l’île, la ville de Jeonjangpo est réputéepour ses saeu-jeot, des crevettes saumurées quisurpassent celles des autres régions par leur saveuret leur qualité. La saison de la pêche à la crevette sesitue en juin, au calendrier lunaire, car ce crustacéatteint alors sa taille maximale. La mise en saumure alieu à bord et de retour sur la terre ferme, les pêcheursentreposent les cruches pleines dans des caves situéesau pied du mont Solgae auquel s’adosse le village, nonloin des quais. S’ensuit alors une longue période de fermentationconformément à une pratique ancestrale etspécifique de cette région. Tout ce savoir-faire fondésur l’intuition, mais aussi précis que les instructionsd’un manuel, a permis de conserver à cette spécialitélocale la qualité qui fait sa réputation. Aboutissementd’une longue tradition, les crevettes saumurées deJeonjangpo participent d’un mode d’alimentation lent.La construction d’un pont reliant Jido à Imjado est prévueà l’horizon 2020.
Au sommet du pic de Sangsansitué à Uido, il suffit dese tourner vers Mokpo pourembrasser du regard toutl’archipel de Sinan et sesmyriades d’îles.
Sur les hauteurs de Jangdo,s’étend un marais côtier aurelief montagneux très caractéristiquequi figure surla Liste des zones humidesd’importance internationalede la Convention de Ramsar.
L’ « archipel du Diamant », paradis des oiseauxmigrateurs
Le groupe d’îles qui s’étend au centre du cantonde Sinan est appelé l’ « archipel du Diamant » en raisonde sa forme. Parmi les plus connues d’entre elles,se trouve, au coin et à gauche de ce diamant, celle deBigeumdo dont est originaire Lee Se-dol, le maître dubaduk, c’est-à-dire le jeu de go en coréen, ce joueurs’étant fait connaître du monde entier en disputant dernièrementun tournoi sans précédent contre le logicield’intelligence artificielle AlphaGo.
En poussant à une dizaine de kilomètres au sudouest,on parvient à Chilbaldo, qui est surmontée d’unphare et offre une célèbre halte aux oiseaux migrateurs.Le voyageur qui s’en approche au petit matin ladistingue sous un voile de brume, comme en suspensiondans l’air. Il faut y accoster avec prudence et amarrer son bateau au plus près de la falaise avant de s’aventurer à débarquer surses rochers accidentés. Classée Monument naturel, cette île inhabitée constituel’habitat de prédilection d’oiseaux migrateurs tels que le pétrel-tempête, le puffindu Pacifique et le martinet, qui s’y arrêtent l’hiver pour la reproduction. Elleest particulièrement connue pour la première de ces espèces, dont elle abrite80 % de la population mondiale. Importante étape des trajets migratoires quirelient l’Asie de l’Est à d’Australie et la Sibérie à l’Asie du Sud-Est, l’île de Chilbaldoest aussi un haut lieu de la protection de la diversité ornithologique. Les îlesvoisines de Hongdo et Heuksando accueillent la même proportion de tous lesmigrateurs qui survolent la Corée et près de 300 000 spécimens de 271 espècesdifférentes sont recensés annuellement dans le canton de Sinan.
Les oiseaux sont surtout attirés vers ses îles par les marais côtiers qui y sontparticulièrement vastes, puisqu’ils figurent parmi les premiers au monde auxcôtés de ceux de la Mer des Wadden baignant les Pays-bas, l’Allemagne et leDanemark, des côtes américaines de Géorgie, de l’estuaire de l’Amazone et dulittoral oriental canadien, outre qu’ils sont les plus étendus de Corée. Le millierd’îles qui émaille les eaux du canton offre un paysage changeant au rythmedu flux et du reflux qui tantôt les laissent émerger, tantôt révèlent le magnifiquespectacle des marais côtiers sillonnés par le lacis des canaux et cours d’eau.Dans leur écosystème riche et complexe, ces immenses espaces naturelsqui s’étendent jusqu’à l’archipel du Diamant abritent une multitude d’espècesaquatiques dont se nourrissent les oiseaux migrateurs.
Le riche et complexe écosystème des marais qui bordent le littoral jusqu’à l’« archipel du Diamant »abrite des espèces aquatiques d’une grande variété dont se nourrissent les oiseaux migrateurs.
À l’île de Dochodo, succède au sud-ouest celle d’Uigundo qui, vue de loin,paraît se composer d’un empilement de rochers aux dimensions variées. Seslieux les plus connus sont le mont Dori, particulièrement réputé pour sa beautélorsqu’il se couvre de magnolias argentés et de camélias, ainsi que pourses plages et dunes de sable doré qui semblent former un désert au bord dela mer. La masse de sable y étant cependant en grande diminution, les dunesne sont qu’en partie accessibles au public, et ce, jusqu’en 2020. Sur l’un de sescôtés, l’île est bordée de collines rocheuses où se forment, par temps de pluie,de petites cascades qui donnent naissance à de nombreux ruisseaux. Tout enparcourant les quatre kilomètres qui séparent les deux extrémités de l’île, onaura l’occasion d’apprécier l’atmosphère sereine et conviviale qui règne dansles ruelles tortueuses de ses villages aux murets de pierre usés par le temps etverdis par la mousse.
Le Nouveau pont du millénaire, qui doit être ouvert à la circulation dans deuxans permettra, de se rendre par la route d’Aphaedo, la sous-préfecture du cantonde Sinan par ailleurs déjà reliée au continent, à Amtaedo située dans le nordde l’archipel du Diamant. En réunissant les deux îles au continent, cet ouvragecomblera les voeux que forment depuis longtemps leurs habitants de disposerd’un mode de vie plus simple et d’un plus grand accès à la culture. En revanche,le développement qu’entraînera sa réalisation ne sera pas sans poser de nouveauxproblèmes, l’obstacle de la mer étant le meilleur garant de la conservationdes particularités insulaires.
Sur l’île d’Uido, les dunes de sable du villagede Donmok composent un paysage quichange d’un jour à l’autre au gré du vent et dela pluie. Un vieux dicton affirmait que jusqu’àleur mariage, les filles de là-bas mangeaientquantité de sable à cause du vent.
Les îles du large
En quittant le port de passagers de Mokpo, les bateaux passent au large deBigeumdo et Dochodo et, après avoir doublé les petites îles de Sinan, ils fontenfin route vers la haute mer qui s’étend à perte de vue. Ceux qui effectuentleur premier voyage pourront ressentir un peu d’inquiétude en voyant s’éloignerces côtes qui semblaient leur fournir un rempart contre le vent et les vagues.Qu’ils soient sans crainte, car le puissant ferry-boat poursuivra imperturbablementson chemin, comme il le fait depuis toujours.
Les îles de Heuksando, Hongdo, Gageodo, Daemuldo, Jangdo et Manjaedoqui parsèment les eaux du large sont regroupées sous l’appellation de Heuksan.Celle de Hongdo est aussi connue sous le nom de Perle de Sinan en raisondes beautés de son paysage dont l’aspect varie non seulement au gré des saisons,mais parfois aussi d’un jour à l’autre. À Geogado, souffle un certain espritmystique et, par gros temps, la pluie, le vent et les vagues donneront peut-êtreau visiteur l’occasion de passer la nuit dans une forêt primitive. Quant à Jangdo,elle s’enorgueillit de l’exceptionnel relief montagneux de ses marais situés dansl’intérieur des terres, tandis que Yeongsando permet de découvrir huit merveilleusescuriosités, dont un porche voûté en pierre aux piliers qui s’enfoncentdans l’eau.
L’île de Manjaedo, enfin, bien qu’étant la moins connue de ce groupe, n’enest pas moins un joyau, avec les plages de galets de ses petits villages et lesbeaux paysages qui s’offrent au regard dans toutes les directions. Ses côtessont si exiguës que les navires de fort tonnage ne s’en approchent pas sansmal. Pour s’y rendre, il convient donc de prendre un premier bateau à Mokpo,puis un second, plus petit, sur son trajet de retour vers ce port, qui les accueilleraau large à son passage par Geogado, après quoi il ne restera plus qu’unkilomètre à parcourir. Manjaedo peut donc être hors de portée si telle est lavolonté divine. En haut d’une colline où mène une route longeant des murs depierre, le semis d’îles déroule son panorama. Un phare en pierre dresse saclaire silhouette qui se détache avec éclat sur la paroi rocheuse, offrant une vuespectaculaire dans les embruns matinaux comme au coucher du soleil. Surla plage de galets, les pêcheurs s’affairent au séchage des algues et au tri desprises. Parmi eux, se trouvent les haenyeo, ces célèbres plongeuses de l’île quitirent leur subsistance de la pêche en haute mer ou de la récolte des algues surles rochers de la côte. Tous savent d’expérience que la protection de la nature etla préservation de ses ressources naturelles constituent des impératifs de la vieinsulaire.
Si Heuksando est de nos jours surtout connue pour la pêche à la raie, elleaccueillait autrefois l’un des trois grands marchés aux poissons situés aularge des côtes sud-coréennes, aux côtés de ceux de Wido et de Yeonpyeongdo.Jusqu’à leur fermeture à la fin des années 1970, ils proposaient sur leursétals des poissons différents d’un mois à l’autre de la saison qui s’achevait àla fin d’octobre. Les marchés aux poissons-tambours jaunes ou à la viande debaleine qui se tenaient respectivement des mois de janvier à avril et de févrierà mai étaient très typiques de cette île. Dans les années 1960, il a été fait étatde la venue de plus de cinq cents bateaux à l’occasion de ces marchés qui setrouvaient au centre d’une « ruée vers l’or bleu ». Des vestiges archéologiquesrévèlent que, du royaume de Silla Unifié à celui de Goryeo, la baie d’Eupdong quiéchancre le littoral de l’île constitua un important carrefour du commerce maritimepratiqué entre la péninsule coréenne et la Chine.
Le groupe d’îles de Heuksando, tout comme les îlots inhabités des environs,se couvre de magnolias argentés et de camélias, qui constituent les principalesessences présentes dans les zones tempérées de Corée où poussent desarbres à feuilles persistantes larges. Aujourd’hui, le réchauffement climatiquemet en concurrence les forêts à feuilles larges avec celles de conifères, la survie des premières étant en péril. Les îles de Heuksandofournissent donc une réserve aussi rare que précieusede ces essences et l’observation de leur comportementen fonction du climat peut permettre de prévoir les évolutionsà venir.
Colza en fleurs à Anjwado, où s’élèveencore la maison natale de Kim Whanki(1913-1974), un pionnier de l’art abstraitcoréen.
La formation de spécialistes, facteur clé du développementdurable
Dans le bateau qui m’emporte loin des îles, j’ai latête pleine des histoires que j’y ai entendues. Je m’efforcede trouver le sommeil, mais les bavardages destouristes et des insulaires assis par petits groupesme parviennent encore, tandis que défilent dans mamémoire les visages au teint éclatant des enfants del’île.
Pour assurer la gestion des énormes ressourcesnaturelles et culturelles du canton de Sinan évoquédans ce qui précède, il est impératif d’assurer la formation adéquate de jeunes qui y sont nés et y ont grandi. Ils seront les mieuxà même de conserver, entretenir et faire connaître au monde ces exceptionnellesrichesses. À cet effet, la décision qu’a prise l’UNESCO de classer l’ensembledu canton de Sinan parmi les réserves de biosphère constitue un grandpas en avant. Ville d’histoire au patrimoine naturel et culturel vieux de plusieursdizaines de milliers d’années, puisque remontant au paléolithique, Aphaedoest aussi le chef-lieu de canton. Il convient d’y construire une école capable deformer des spécialistes des sciences et cultures insulaires, car c’est d’eux quedépend la possibilité de réaliser un développement véritablement durable.Le port de passagers de Mokpo est en vue, puis surgit le mont Yudal quiouvre maternellement les bras pour embrasser le monde. Lentement, lesoleil se couche et l’ombre étend son règne, alors les lumières des restaurantsde poisson cru qui bordent les quais s’allument une à une. L’arrivée n’estpas encore annoncée que les nombreux passagers s’y préparent déjà, puisvient le moment de débarquer et avec leurs valises, ils rapportent caisses enpolystyrène et sacs en plastique noir remplis de souvenirs des îles. Entraîné parleur flot, je descends à mon tour du bateau, déjà impatient de remonter un jourà son bord.
Lee Heon-jong Professeur d’archéologie àl’Université de Mokpo
Bae Bien-u Photographe
Sur les îles de Sinan, la formation des marais côtiersrésulte de l’accumulation de sédiments déposés pardes canaux et cours d’eau qui s’entrecroisent en unréseau géométrique complexe et unique au monde.
Des marais riches de leur diversité
Tantôt isolées en mer, tantôt reliées à la côte au rythme des marées, lesîles rocheuses du canton de Sinan présentent sur leur littoral de Dadohaeune originale topographie qui a doté l’une d’elles d’une frange de maraisexceptionnelle par sa beauté changeante au gré du flux et du reflux.
Un marais côtier est une vaste zonehumide qui se forme sur le littoralquand la mer ou les rivières y déposentdes sédiments, le plus souvent dans lesbaies et estuaires, ainsi que sur les côtesparticulièrement échancrées. Tandis queles matières les plus lourdes sont rejetéesdu côté de la mer, les plus légèresse déplacent jusqu’au bord des terres encréant des marécages de nature sablonneuseou bourbeuse selon le cas, et desdeux à la fois en leur centre.
La terre, le vent et les rochers
L’archipel de Dadohae, qui appartientau canton de Sinan, fait toutefois exceptionà la règle. Abritée par une barrière d’îlesde haute mer et par des myriades d’îlots,la côte de son île principale se borde demarais dont l’aspect varie en fonction del’altitude, de la topographie et du profil dulittoral, mais aussi par la composition deleurs dépôts sédimentaires. Au nord-ouest,elle présente une concentration de marécagessablonneux en raison des vents quisoufflent de cette direction, tandis qu’ilssont mixtes dans le centre, le nord-estou le sud-ouest et bourbeux au sud-est,ainsi que dans l’intérieur des terres. Selonla situation de chaque île, les canaux etcours d’eau qui la parcourent varient parleur forme qui détermine la présence desédiments boueux, lesquels peuvent parla suite s’enrichir d’apports mixtes, puisde sable. Dans le sud-est de l’archipel, lesmarécages bourbeux qui se sont forméssur une grande épaisseur fournissent deremarquables repères temporels et composentun système sédimentaire que l’onretrouve rarement ailleurs. Défiant les définitionsdes dictionnaires, les marais côtiersde Sinan ont créé de véritables collines quedésigne parfaitement l’ néologique« monticules des marais ».
Les marais côtiers de Sinan diffèrentaussi de ceux d’autres pays par leur aspectparticulièrement changeant au fil des saisons.La péninsule étant exposée l’hiver àdes vents de nord-ouest et à des typhonsl’été, la nature des dépôts sédimentairespasse des matières sableuses de la saisonfroide à la composition mixte de la périodeestivale.
Le canton de Sinan s’enorgueillit ausside ses fameux « marais côtiers rocheux »qui sont uniques au monde. En effet,contrairement au cordon de dunes de sablehabituel, le sol y est composé de roches,comme partout dans cette région dont lesmontagnes originelles ont été submergéesà la fin de l’ère glaciaire, cédant la place àune bordure rocheuse le long de laquellese sont formés les marais côtiers.
Les marais côtiers de l’archipel de Dadohae recèlentune biodiversité exceptionnelle par sa richesse.
En se superposant les unes aux autres, les épaissescouches bourbeuses des marais côtiers forment descollines.
La préservation de la biodiversité et lacontinuité d’un certain mode de vie
Grâce à la richesse de ses sols, l’archipelaccueille aussi une importante biodiversité.Tels des vaisseaux capillaires, sescanaux et cours d’eau au réseau complexesaturent l’eau des marais d’oxygène et deriches alluvions, outre qu’ils offrent un beauspectacle à la vue. Cette épaisse couched’oxydation où circulent constamment desions d’oxygène crée un milieu propice àla prolifération du benthos, cet ensembled’êtres vivants habitant le fond de l’eau. Unecomparaison numérique du macro-benthosprésent dans les différents maraiscôtiers suffit à démontrer la biodiversitéremarquable de ceux de Sinan. Sur lesmarais côtiers Sur les côtes de la Mer desWadden, les marais occupent une superficiede 14 000 km² aux Pays-Bas, en Allemagneet au Danemark, mais ils n’abritentque quelque 160 espèces différentes, alorsque ceux de Sinan fournissent un habitat àplus de six cents sur une surface d’à peine400 km², soit 2,8 % de la première.
Qui dit biodiversité, dit aussi diversitéculturelle et, au fil des millénaires, touteune activité s’est développée dans cetterégion. Conscientes de l’impératif de sapréservation comme de celle de l’écosystèmedes marais, les collectivités localesdu canton de Sinan sont parvenues, en mai2009, à faire classer une partie de l’archipelde Dadohae, soit 573,1 km², au Réseaumondial des réserves de biosphère del’UNESCO, cette inscription s’appliquanten totalité aux 3238,7km² de ce site depuismars dernier. Forts de ce succès, pouvoirspublics et élus locaux s’emploient désormaisà faire inscrire les marais côtiers dusud-ouest sur la Liste du Patrimoine mondialde l’UNESCO.
Moon Kyong-o Secrétaire général de l’Association pour l’inscription des marais côtiers coréens au patrimoine mondial