메인메뉴 바로가기본문으로 바로가기

Image of Korea

2021 SUMMER

Comme un air de jeunesse sur les sentiers

Quand il m’arrive de me réveiller la nuit, en restant allongé dans le noir, je me prends parfois à imaginer que je monte une pente montagneuse. Aux dernières maisons qu’a fait disparaître la forte déclivité, succède brusquement une forêt et je m’y arrête pour reprendre mon souffle sous sa voûte touffue. Puis, pas à pas, je reprends ma progression. Ombre et lumière dansent en s’entremêlant. Je sens s’accélérer les batte¬ments de mon coeur et la sueur perle à mon front, puis coule dans mon dos. Un gros rocher se dresse tout en haut. Déjà, je pense à la caresse d’une douce brise, au sentiment de liberté et au large panorama qui m’y attendent.

© Yang Su-yeol

Dans un pays au relief très accidenté, montagnes et collines sont omni¬présentes, puisque l’on en dénombre plus de quatre mille. La capitale, cette mégapole de dix millions d’habitants, n’y fait guère exception, étant cer¬née de tous côtés par les monts Ansan, Inwangsan, Gwanaksan, Buramsan, Dobongsan et Bukhansan, tandis que celui de Namsan s’élève au coeur même de la ville. En quelque point qu’ils s’y trouvent, ses habitants peuvent donc s’offrir une promenade en pleine nature, voire décider à tout moment d’ef¬fectuer une randonnée d’une journée qui n’exigera ni préparatifs ni équipe¬ments particuliers. Ils chemineront en toute sécurité, sans avoir à craindre agressions ou animaux sauvages, et se sentiront plus rassurés encore à la vue des petits abris jalonnant des sentiers bien entretenus, d’où ils pour¬ront observer le milieu naturel ou contempler le paysage urbain qui s’étend à leurs pieds. Au seul mois de mars dernier, le parc national de Bukhansan allait ainsi accueillir 670 000 de ces promeneurs, soit 41 % de plus que l’an¬née passée à la même époque.

La démographie de cette activité semble avoir évolué, car, si la randon¬née concernait autrefois les plus de quarante ans, elle séduit aujourd’hui tou¬jours plus de jeunes qui adoptent ce type de loisirs dans le cadre de clubs ou au gré de leurs rencontres sur les réseaux. Âgés d’une vingtaine ou d’une trentaine d’années, ils y expriment de nouveaux goûts en matière vestimen¬taire, préférant aux banales tenues colorées de leurs aînés des leggings et chaussures de randonnée à la mode. Ils s’affichent sur Instagram en y postant leurs selfies ou créent des plates-formes qui leur permettent de rencontrer d’autres adeptes et d’échanger sur leurs domaines d’intérêt communs, voire d’organiser des circuits à thème tels que cette formule « Clean Hike » qui a pour but de débarrasser un lieu de ses détritus.
À l’heure où sévit encore la pandémie de COVID-19, cette génération des « milléniaux » s’est convertie à la randonnée en montagne ou en forêt pour échapper aux restrictions qui pèsent sur sa liberté de mouvement et l’empêchent de partir à la découverte de pays étrangers. Oubliant la morosité de ces temps d’épidémie entraînant l’obligation de se tenir à distance d’au¬trui, elle embrasse cette pratique en y apportant un renouvellement qui rajeu¬nit nos montagnes.
En songeant dans l’obscurité à ces jeunes randonneurs vêtus avec fan¬taisie qui escaladent des sommets d’où ils surplomberont le vaste monde, je leur adresse un salut en pensée, ainsi qu’à cette montagne à laquelle ils apportent la nouveauté.
Puis, je me remets à monter pas à pas.

Kim Hwa-young Critique littéaire et membre de l’Acadéie corénne des arts

전체메뉴

전체메뉴 닫기