Letters from Korean History, I–V (Lettres de l’histoire coréenne, I-V)
Letters from Korean history, i–v (lettres de l’histoire coréenne, i-v)
Park Eunbong, traduit par Ben Jackson, 2016, Cum Libro, Séoul, 1264 pages, 55 000 wons
Ce livre d’histoire empruntant la forme épistolaire, comme l’indique son titre anglais, se compose de plus de soixante-dix lettres réparties sur cinq tomes. Chacun de ses chapitres commence par trois ou quatre paragraphes où l’auteur semble s’adresser au lecteur en un aimable aparté pour lui faire part des questions qu’il se pose et l’inviter à se joindre à lui afin d’y apporter des réponses et partir à la découverte de l’histoire.

Si la lecture intégrale de cet imposant ouvrage relève à première vue d’une gageure, s’agissant du très jeune lectorat, son style et son vocabulaire le rendent accessible à la plupart. En outre, le texte y est abondamment illustré de cartes et graphiques qui facilitent aussi la compréhension des différentes époques historiques et permettent de se faire une idée précise du mode de vie d’alors.
Dans ces cinq tomes respectivement intitulés « De la préhistoire aux royaumes de Silla Unifié et de Balhae », « Les Trois Royaumes postérieurs à Goryeo », « Avènement et fin du royaume de Joseon », « De la chute de Joseon à l’Empire de Daehan » et « De l’Empire de Daehan au rapprochement nord-sud », l’historien entreprend un ambitieux rapprochement entre le paléolithique coréen ( circa 700 000 avant J.-C.) et l’aube du troisième millénaire.
À moins d’être un passionné d’histoire, certains chapitres paraîtront peut-être rébarbatifs, car leur luxe de détails peut lasser, surtout quand des mots coréens sont cités sans traduction.
Toutefois, grâce au parti pris de simplicité adopté notamment pour le vocabulaire, le tableau que brosse cet ouvrage de la période des Trois Royaumes s’avère plutôt ludique, d’autant qu’il s’agrémente de reproductions de fresques anciennes, de peintures et d’objets divers qui rendent cette découverte plus vivante par l’évocation de la vie quotidienne des hommes de Silla, Baekje et Goguryeo.
Les différents chapitres peuvent se lire indépendamment et font une large part à la « petite histoire », à l’intention des non-initiés, en évoquant des célébrités telles que le marathonien Sohn Keechung, qui rapporta au pays sa première médaille d’or lors des Olympiades de Berlin de 1936 dans le contexte particulier de l’occupation coloniale japonaise.
L’auteur a pris le parti de faire s’arrêter son livre en cet an 2000 qui fut marqué par la « Déclaration commune nord-sud du 15 juin », d’où le titre de ce cinquième et dernier volume : « Lettres de l’histoire de Corée : de l’Empire de Daehan au rapprochement nord-sud ». C’est sur cette note positive qu’il choisit d’envisager la poursuite de ce périple à travers l’histoire de la péninsule coréenne.
Des instruments traditionnels pour la musique d’aujourd’hui
Mask dance
Black , 2016, Munich: ACT, 17,50£
La cithare coréenne à six cordes, dite geomungo , est la grande vedette du dernier album du quatuor Blackintitulé Mask dance .
Le nom Blacklui-même, qui est la traduction littérale de celui de cet instrument, montre bien la place que ce dernier occupe depuis que l’a adopté le groupe, qui consacre l’essentiel de son répertoire au jazz. Ses membres se composent de Heo Yoon-jeong au geomungo , de Lee Aram au daegeum , une flûte transversale en bambou, de Hwang Min-wang au janggu , un tambour en forme de sablier et de Oh Jean à la guitare électrique.
Si les instruments de musique anciens peuvent sembler a priori peu adaptés à l’interprétation du jazz contemporain en raison des caractéristiques de la musique traditionnelle, le mariage s’avère en fait très réussi.
En effet, la musique traditionnelle coréenne possède un style particulier très libre qui repose souvent sur l’improvisation, comme c’est le cas en pansori , un genre de chant narratif accompagné au tambour. La musique populaire y recourt tout autant, en dépit des particularités de son rythme, ce que l’auditeur le plus distrait ne manquera pas de remarquer dans chaque morceau.
Mask dance réalise l’exploit de dissiper dès les premières notes toutes les idées reçues que l’on peut avoir à propos de la musique asiatique, à mille lieues du genre éthéré, lénifiant et méditatif de la musique New Age qui s’accommode d’une alliance avec celle d’Asie.
Dans Mask dance , le rôle du geomungo s’emploie surtout comme instrument à percussion destiné à produire une résonance d’ensemble sombre obscure et puissante sur laquelle se détache le son métallique et pénétrant de la guitare électrique pour créer une ambiance un peu psychédélique. Le timbre profond si spécifique de cette cithare est produit en frappant ses grosses cordes de soie avec une baguette en bois. Le son ainsi obtenu possède une tonalité résolument virile qui en faisait d’ailleurs l’instrument de prédilection des lettrés dits seonbi .

Pour ce qui est du classement de Blackdans un genre musical ou un autre, l’auditeur sera juge en dernier ressort, mais, s’il est une chose certaine, c’est qu’il n’appartient pas à celui du crossover , car le groupe oriente son exploration musicale là où veulent bien le mener les instruments à musique traditionnels coréens.